Sur le ring (Jack London)

 


 



On connait beaucoup Jack London comme raconteur du Grand Nord, moins comme amoureux de sport et particulièrement de boxe dont il fut lui-meme un pratiquant. 

« Sur le ring » compilation de deux nouvelles traite justement de boxe.

La première nouvelle « L’enjeu » est une courte histoire narrant l’amour naïf et pur d’un boxeur du nom de Joe Flemming  et d’une jeune femme du nom de Geneviève.

Tout deux sont issus des classes ouvrières américaines que le  London socialiste aime tant et ces personnages semblent ici complètement idéalisés.

La partie la plus intéressante du livre est le conflit entre la passion de Jim pour son sport et son amour pour Geneviève.

En effet pour London, les femmes ne peuvent comprendre la passion du noble art et cherchent toujours à attirer leur boxeur de mari en dehors de cette pratique dangereuse.

L’analyse que fait London de l’attirance  que peut éprouver un boxeur pour le noble art est extrêmement intéressante.

A mon sens il s’agit d’une logique pulsionnelle, réveillant les instincts  primitifs de la survie et de la compétition entre mâles ce qui provoque l’afflux d’adrénaline qui fascine les foules et met les boxeurs dans un état second.

La nouvelle se termine de manière dramatique puisque pour son dernier combat, Jim prend un mauvais coup et meurt, ruinant tous les projets d’avenir du couple.

« L’enjeu » est une belle réflexion sur la boxe, maîtresse exclusive exigeant parfois le sacrifice de son amant.

De plus le combat y est formidablement bien décrit avec luxe de détails techniques qu’apprécieront tous les amateurs de ce sport (comme moi).

J’ai en revanche beaucoup moins apprécié la deuxième nouvelle « La brute » .

Celle ci raconte l’histoire de Pat Glendon, jeune homme des montagnes, dont le physique phénoménal et l’héritage d’un père boxeur vont amener à devenir boxeur professionnel.

Ce jeune colosse invincible, aimant la nature et la poésie ( !) va se montrer d’un angélisme confondant et se faire manipuler par son manager.

London dénonce par l’intermédiaire de son champion la corruption dans le monde de la boxe, les matchs truqués, les gangs de parieurs, les agents, les directeurs de salle, les promoteurs véreux et le public bien souvent floué.

Pourtant alors qu’il s’apprête à livrer son avant dernier combat avant de rencontrer le champion du monde, Glendon fait un discours public pour dénoncer toutes ces magouilles.

On nage quelque peu à mes yeux dans la naïveté absolue et le rêve le plus total.

J’ai été également aussi agacé par la description de la beauté parfaite du héros, sain , aux yeux bleus, élevé en plein air, « espoir de la race blanche » et comme par hasard amateur de littérature.

Il se dégage donc de ce portrait les quelques relents nauséabonds de la pensée de London sur sa vision d’un homme blanc parfait.

J’ai été également agacé par la facilité avec laquelle Glendon battait ses adversaires.

Cela ne m’a parut irréaliste car aucun boxeur à l’exception peut être du Tyson de ses jeunes années n’a aussi outrageusement dominé son sport.

Le point positif de cette deuxième nouvelle reste cependant les descriptions des combats, encore une fois très techniques et haletantes.

En conclusion, un sentiment mitigé sur ce recueil, une nouvelle que j’ai aimée, l’autre pas.

Je reconnais toutefois que London sait fort bien faire passer sa passion à propos d’un sport il est vrai parmi les plus fascinants qui soit, en témoigne les innombrables films qui ont été fait autour du noble art, de Rocky à Ali en passant par Raging Bull ou Million Dollar Baby.

Aujourd'hui en plus d'un siècle ce sport a énormément évolué, les femmes sont autorisées à boxer et les boxeurs des pays de l'Est, de la Russie notamment dominent au niveau mondial, ce qui à n'en pas douter ne manquerait pas d'estomaquer Jack London !




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