Physique (Aristote)

 



La « Physique » d’Aristote a été pour l’instant l’un des livres les plus difficiles que j’ai jamais lu.

Ce recueil de huit livres traite comme son nom l’indique de physique et même si ce mot n’a pas le même sens par rapport à la science moderne du même nom, l’ouvrage a selon moi un fort contenu scientifique le rendant difficile d’accès.

La « Physique » ayant été longuement étudiée, analysée, interprétée, commentée au fil des siècles par les savants du Moyen-Age, les philosophes orientaux et occidentaux, je n’ai pas la prétention de me comparer à eux mais simplement d’en livrer ce que j’en ai retenu après une simple première lecture.

Qu’est ce donc que la Physique pour un Grec du IV iéme siècle avant Jésus Christ ?

L’étude des « étants » corporels, la mécanique bien entendu, la cinématique surtout, les débuts de la dynamique aussi avec de fortes interrogations sur la nature du lieu, du temps, de la vitesse et surtout du mouvement.

Comme à son habitude Aristote reprend les travaux de ces prédécesseurs pour les critiquer ou les compléter avec une grande rigueur dans ses démonstrations mais cette fois ceci dure pratiquement du début à la fin de l’ouvrage.

Sont ici beaucoup discutées les thèses des Pré-Socratiques (Parménide, Démocrite, Anaximandre, Anaxagore, Zénon d’Elée )  et bien entendu à un degré moindre cependant celles de son « meilleur ennemi » Platon.

Aristote commence d’abord a établir l’existence de principes, c’est à dire de fondements de l’existence des réalités empiriquement observables.

Ces principes sont nécessairement contraires et en nombre fini, et il doit en exister un troisième, qui sera un substrat, base essentielle physique d’un étant.

Le passage du blanc au noir ainsi que du chaud au froid sont régulièrement cités en exemple pour éclairer cette notion de contraire comme source de changement.

Après avoir posé ces prémisses, Aristote dans le livre II s’intéresse au rôle de la nature, à la matière, à la forme des choses avant de déboucher sur l’étude des causes.

Aristote en dénombre quatre principales : la nature, la forme, le moteur et le « en vue de quoi ».

Aristote étudie également le hasard et la spontanéité toute d’eux causes par accident.

Le livre III voit la première définition du mouvement.

Aristote désigne trois mouvements : celui par qualité (altération), celui par quantité, et  celui par le lieu (déplacement).

Aristote étudie longuement toutes les formes de l’infini.

Pour lui, l’infini n’existe qu’en puissance et pas au sens d’un élément corporel sensible.

Le monde étant  fini, l’infiniment grand n’existe ni en puissance ni en acte.

En revanche il existe dans le temps et dans l’infiniment petit.

Dans le livre IV, Aristote s’intéresse à l’espace et au temps.

Le lieu est défini par la limite du corps enveloppant à l’endroit ou il touche le corps enveloppé, c’est à dire le corps physique défini par sa forme, sa grandeur et sa matière.

L’existence du vide incompatible avec celle du mouvement est rejetée.

Après l’espace, passage passionnant sur le temps, défini comme le nombre d’un mouvement séparant deux instants antérieur et postérieur appelés « maintenant ».

Le livre V est consacré à l’étude approfondie du mouvement.

Aristote reprend les trois types de mouvements définis au livre III

Les phénomènes de génération et corruption non liés à des principes contraires mais à des contradictions, ne sont pas considérés comme des mouvements mais comme des changements.

Le mouvement unique est qualifié de continu.

L’étude détaillée du continu a lieu dans le livre VI.

Le continu est  composé de divisibles aussi bien par la distance que par le temps.

Ceci constitue une critique des prédécesseurs d’Aristote notamment les atomistes qui voient le monde composé d’atomes insécables.

Le livre VII peut être vu comme les bases d’une réflexion préparant à la conclusion du dernier chapitre.

Les différents types de mouvements spatiaux sont dénombrés : traction, poussée, rotation, portage même si Aristote montre que la rotation et le portage résultent de forces de tractions et de poussée.

A noter que dans le dernier livre Aristote qualifiera le mouvement circulaire non local c’est à dire celui des astres comme premier car continu et infini donc plus noble.

Le dernier livre est sans nul doute le plus métaphysique.

Aristote débouche sur la conclusion de l’existence d’un premier principe moteur, immobile, éternel, infini source de tous les autres principes, responsable d’un mouvement et d’un temps global éternel.

Ma conclusion, si la « Physique »  m’a posée autant de problèmes c’est je le pense en raison de son caractère plus scientifique que littéraire.

Les sujets abordés sont extrêmement complexes, le vocabulaire très spécifique et le style assez tortueux ce qui fait qu’on ne peut lire ce livre d’une traite mais plutôt progresser pas à pas en relisant fréquemment les nombreux passages obscurs.

Moi qui n’aime pas trop les notes ou les introductions des traducteurs, je dois avouer que celles de Pierre Pellegrin m’ont été d’un grand secours tant beaucoup de passages m’auraient été impossibles à franchir sans aide.

Que m’a apportée la « Physique » donc ? Cette étude des corps et des mouvements m’a obligé à remettre en question certains acquis que l’enseignement moderne m’avaient inculqué, notamment sur les notions mathématiques de continuité, d’infini voir de vide.

Et si donc Aristote aboutit au fait que tout notre système physique est conditionné par l’existence d’un premier principe d’une puissance quasi divine, il ne répond pas à la question cruciale du pourquoi ? 

Réponse que les religions elles donneront, Aristote se cantonnant dans cet ouvrage au « comment » des choses sensibles ce qui me paraît finalement plus solide et moins aléatoire comme matériau de travail.

Toujours est il que la « Physique » ne s’aborde pas sans solides notions philosophiques et demeure un ouvrage réservé à un public chevronné.

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