Alien, la résurrection (Jean-Pierre Jeunet)

« Alien, la résurrection » est le quatrième volet d’une franchise entamée à la fin des années 70 est confié suprême honneur au français Jean-Pierre Jeunet quatre ans avant le succès phénoménal et dans un registre diamétralement opposé car beaucoup plus gentillet de « Amélie Poulain ».

J’avais à l’époque vu le film dès sa sortie en 1997 lors d’un stage en Belgique ce qui me donne l’occasion de saluer mon ami Bruno qui je l’espère lira cette chronique en se rappelant de nos jeunes années.

Mais foin de saudade brésilienne, place au présent et au film qui se situe pas moins de 200 ans après les événements de « Alien 3 »  ayant abouti sur la planète prison de Fiorina 16 à la mort du lieutenant Ellen Ripley (Sigourney Weaver) alors infectée par une les créatures qu’elle a toujours combattu.

Si la compagnie Weyland-Yutani a certes logiquement disparu, les militaires n’ont cependant pas abandonné leurs tentatives d’études et de domestication des Aliens, et se sont arrangés pour sur un vaisseau spatial laboratoire appelé l’USM Auriga, récupérer l’Alien Reine contenu dans son ventre de Ripley et créer ensuite un clone génétiquement identique dans le but de donner naissance à une lignée d’Aliens.

La nouvelle Ripley n’a d’autres choix que d’accepter sa condition de femme cobaye mais demeure toujours parfaitement rétive à l’idée d’obéir à toute forme d’autorité militaire.

Ceci se caractérise par une nette agressivité à l’encontre des chercheurs qui tentent de lui redonner une structure mentale, agressivité décuplée par l’hybridation Alien qui lui assure une force quasi surhumaine, de stupéfiantes capacités de régénération et un sang à forte teneur acide capable d’attaquer le métal le plus solide.

Les militaires commandés par le général Perez (Dan Hedaya) reçoivent une précieuse cargaison d’êtres humains livrés en état de biostase par des mercenaires emmenés par Frank Elgyn (Michael Wincott) beau pirate hâbleur et accessoirement amant de la sexy Sabra Hillard (Kim Flowers).

La présence des mercenaires forts en gueule ne passe pas inaperçue et l’atmosphère devient rapidement électrique sur l’USM Auriga, surtout après une rencontre musclée ou Ripley ridiculise Johner (Ron Pearlman) qui lui faisait des avances lors d’une partie de basketball.

En réalité, les militaires ont utilisé les 12 corps des malheureux prisonniers pour implanter en eux les œufs d’Aliens afin de multiplier leurs créations.

Les Docteur Gediman (Brad Dourif) et Wren (J.E Freeman) se passionnent tellement pour leurs recherches qu’il finissent par en oublier toute prudence et à sous estimer les Aliens retenus dans des cellules blindées, qui utilisant à merveille leurs capacités d’adaptations sacrifient l’un des leurs pour forer un passage à travers le sol et ainsi s’échapper en kidnappant Gediman.

Les Aliens libèrent alors leur cruauté naturelles et déciment scientifiques et militaires complètement dépassés par la tournure des évènements.

A l’intérieur du vaisseau la panique gagne du terrain et les mercenaires sont alors contraints de s’organiser pour leur survie.

L’alliance avec Ripley en contact quasi télépathique avec les monstres semble de bon aloi et un militaire, le soldat Distephano (Raymond Cruz) choisit même de quitter son camps pour tenter de survivre avec les mercenaires.

Le but de Ripley est pourtant d’un tout autre ordre et consiste prioritairement à détruire le vaisseau qui s’apprête à rentrer sur Terre en pilotage automatique et donc de fait à porter l’infection Alien sur toute la race humaine.

Mais même si les mercenaires exhibent des armes qu’ils avaient dissimulées aux militaires, le combat contre les Aliens s’avère plus que périlleux et Elgyn est le premier à succomber.

Les capacités surhumaines de Ripley s’avèrent précieuses pour progresser dans ce dédale mortel et le groupe y fait d’horribles découvertes comme l’exploration d’un laboratoire d’expériences génétiques préludant au clonage que Ripley folle de rage incinère afin d’abréger les souffrances d’une misérables femme au corps mutilé agonisant lentement ou bien la découverte de Larry Purvis (Leland Orser) malheureux rescapé au corps infecté par un Alien, qui est finalement pris en charge après un long débat interne.

L’affreux docteur Wren ne partage bien entendu pas le point de vue de Ripley et tire sur Call (Winona Ryder) jeune membre des mercenaires réputée plus sensible et fragile.

Lorsque le groupe se voit contraint de traverser un long passage envahi d’eau, Sabra n’y survit pas et périt, happée par un Alien après une angoissante chasse sous marine au ralenti avant que le flamboyant Christy (Gary Dourdan) ne le tue à grand coups de balles explosives.

L’ascension par une échelle vers la porte de sortie est également épique, car le groupe se trouve traqué par un second Alien qui s’agrippe au corps inconscient de Christy tracté à bout de bras par l’infirme Vriess (Dominique Pinon).

La situation est critique et il faut attendre une action spectaculaire de Johner qui penche son grand corps dans le vide pour vider ses chargeurs sur l’Alien pour respirer un peu.

Mais le poids du monstre gisant empêche le duo Vriess/Christy de gravir les dernières marches.

Christy accepte alors de se sacrifier en se jetant dans le vide pour permettre à son ami de poursuivre son ascension.

C’est finalement Call qui ouvre la porte de sortie, révélant ainsi sa nature d’androïde qui lui permet en s’interfaçant avec l’ordinateur central de l’Auriga de le dévier de sa trajectoire préprogrammée pour l’envoyer s’écraser sur Terre.

La tentative désespérée de Wren est finalement mise en déroute par le sacrifice de Purvis qui fait éclater l’Alien de son torse sur le docteur et le tue.

Mais Ripley réalise que la Reine qu’elle a enfantée s’est maintenant dotée d’un système reproductif plus évolué, qui lui permet de donner naissance directement à des Alien sans passer par des œufs.

Le premier enfant de cette monstrueuse progéniture est une créature hybride appelée le Newborn qui possède des traits humanoïdes.

Le Newborn reste cependant férocement animal, tue la Reine, puis Gediman toujours aveuglé par sa passion scientifique mais épargne Ripley qu’il considère à tort comme sa mère biologique.

Alors que les rescapés parviennent à embarquer sur le vaisseau des mercenaires, le Newborn s’invite à bord, tuant Distephano et malmenant Call.

Ripley est alors contrainte de descendre en soute affronter sa progéniture et profitant des relations troubles la liant au monstre, le tue de manière cruelle en le faisant aspirer par petits morceaux par le vide spatial.

L’épreuve est telle que Ripley ne peut retenir ses larmes après la mort de l’étrange créature à la douleur presque humaine tandis que l’Auriga s’écrase sur Terre …

En conclusion, « Alien, la résurrection » est un film étonnant, impressionnant, très créatif et se hisse brillamment au second rang de la saga, juste derrière le premier et à vrai dire assez inégalable opus.

Le style gothique, macabre et visuellement si fort de Jeunet convient à vrai dire parfaitement à Alien et le réalisateur impose avec un grand talent sa marque à l’œuvre initiale de H.R Giger et Ridley Scott.

Certaines scènes sont réellement anthologiques avec le combat sous marin pour échapper à la mort ou l’ascension de l’échelle, difficile de ne pas être révulsé devant l’horreur des expériences pseudo scientifiques aboutissant à des non êtres pathétiques et difformes …

Jeunet réunit également autour de la fascinante Weaver une galerie exceptionnelle d’acteurs de premier plan, avec entre autre Ryder parfaite en petit robot fragile, Pearlman génial en brute charismatique ou encore Dourdan et Pinon, formant un duo complémentaire au final grandiose.

Du coté des effets spéciaux, on se régale, avec des créatures plus effrayantes et indomptables que jamais et goutant au délicieux malaise provoqué par un Alien humanoïde doté de certaines expressions pathétiques.

Pour toutes ces raisons, « Alien, la résurrection » peut être considéré comme un très grand film et une belle fierté nationale.

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