Snuff (Chuck Palahniuk)

En 2008, Chuck Palahniuk l'enfant terrible de la littérature américaine sort « Snuff » une nouvelle œuvre provocatrice sur le milieu de la pornographie.

Ici le décor est simple, Cassie Wright, actrice de film X sur le déclin s’apprête à rentrer dans l'histoire en réalisant un « gang bang » avec 600 hommes.

Tandis que les types attendent dans des conditions d'hygiène plus que douteuses, le roman adopte plusieurs points de vue selon trois hommes qui patientent.

Le numéro 137 par exemple est lui-aussi un acteur sur le déclin dont la carrière dans le cinéma normal a été brisée par l'apparition d'un vieux film gay tourné en période de vaches maigres.

Avec un ours en peluche barbouillé de fausses signatures de stars et un impressionnant stock de pilules de Viagra, le numéro 137 entend bien inverser la tendance et faire un « coming out » hétéro ou bisexuel et ainsi relancer sa carrière moribonde.

Le numéro 72 est lui un jeunot qui paraît fou amoureux de Wright et avoir développé un inquiétant fétichisme en collectionnant des sex toys reproduisant des parties de son corps.

Le numéro 600 semble lui en savoir plus que quiconque sur la finalité de cette « performance ».

Branch Baccardi est lui aussi un acteur de films X vieillissant et il sait que Wright sera morte à la fin de son gang-bang, ce que d'ailleurs elle souhaite...

Enfin, Sheila l'assistante de Wright qui canalise le flot de mâles piaffant d'impatience pour atteindre l'objectif record, établit un lien avec la genèse du projet.

Peu à peu, au gré des conversations entre les 3-4 protagonistes, la vérité se dessine, le 72 se revendiquant comme le fils de Wright qu'elle aurait eu après une scène avec Baccardi, ce que le principal intéressé nie farouchement.

Abandonné à sa naissance, le 72 a été obsédé par Wright et a cherché toute sa vie à la retrouver.

Embarrassé à l'idée de devoir s'accoupler avec sa mère, le 72 envisage purement et simplement de la « sauver ».

Baccardi est plus ambigu car outre les rumeurs de viol au début de la carrière de Wright, il apparaît qu'il doit délivrer à la demande de l'actrice une capsule de cyanure pour la tuer et ainsi mettre son fils à l'abri du besoin.

Mais au moment fatal, les pilules de Viagra et de cyanure se confondent et dans la plus grande confusion Wright avoue au 72 que son fils était en réalité une fille...Sheila et c'est en réalité Baccardi qui s'écroule foudroyé.

Dans l'ambulance, Wright le chevauche une dernière fois et voit ses organes sexuels soudés à lui après une tentative de réanimation brutale.

En conclusion, « Snuff » est un roman assez pénible et frustrant sur les dessous peu ragoutant de l'industrie du X.

Les personnages présentés sont essentiellement des minables ayant raté leur vie et se situant au bord du gouffre du désespoir.
Obsédés par leurs physiques, leur musculature pour les hommes, leur bronzage et leur épilation quasi totale, les acteurs et actrices sur le déclin n'ont souvent pas d'autres alternatives que de se lancer dans des pratiques extrêmes comme ce gang-bang de la dernière chance pour Wright qui souhaite secrètement expier sa vie passée et sauver celle de sa progéniture.

On saluera le courage de Palahniuk pour explorer une nouvelle fois un sujet sortant des sentiers battus mais trouvera le résultat particulièrement glauque et superficiel.

De quoi vous donner la nausée comme toutes ses productions « hardcore » actuellement en vogue.

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