Fin (Fernanda Torres)

Nouveau coup de projecteur sur la littérature brésilienne contemporaine avec « Fin » premier roman de l’actrice Fernanda Torres, qui était présente au salon du livre de 2015.
Sorti en 2013, « Fin » relate le destin de cinq copains du Rio de Janeiro des années 70.
Alvaro est le premier d’entre eux a être honoré avec le portrait d’un vieil homme de 80 ans dont la vie a toujours été entaché d’un problème d’impuissance qui a conduit sa femme Irène à le tromper et le quitter avec Jairo un maitre nageur de son club de piscine.
Solitaire, amer et diminué physiquement, Alvaro finit tristement sa vie renversé par une femme en voiture à Copacabana.
Son enterrement dirigé par le père Graça, provoquent une émotion insoupçonnée chez Irène trainée presque de force par sa fille Rita.
Vient ensuite le tour de Silvio, qui a laissé tombé sa femme Norma et un confortable emploi de fonctionnaire à la Banco do Brasil, pour suivre sur un coup de tête Suzana, une jeune hippie-junky de Bauru, qu’il a ravi à son copain Ribeiro.
Silvio va vivre plusieurs mois de défonce et de liberté sexuelle en ménage à trois avec Brites, une autre jeune femme bisexuelle de Porto Alegre.
Finalement quitté par Suzana, Silvio erre seul dans le Centre de Rio avant de mourir seul d’une overdose en pleine rue.
Ribeiro, le sportif de l’équipe qui donnait des cours de gym ou de volley ball sur la plage de, aura connu un âge mur obsédé par la jeunes vierge, mourant d’une crise cardiaque occasionnée par une surdose de viagra à la veille d’un rendez vous galant avec une nymphette nommée Alda.
Contrairement à ses amis l’étalon Ribeiro est incinéré et ses cendres dispersées sur la plage de Botafogo.
Un long passage est ensuite consacré à Ruth qui fut la femme de Ciro, le beau parleur érudit et musicien de la bande, qui séduisait toutes les femmes.
Malgré la naissance d’un enfant, Ciro n’en continua pas moins sa vie de cavaleur ce qui rendit folle de jalousie Ruth.
Le Don Juan fut emporté aussi subitement que mystérieusement par une tumeur maligne extrêmement agressive et laissa Ruth dévastée s’éteindre à petits feux.
La dernière partie du livre permet cependant de réaliser que même cloué sur un lit d’hôpital après une opération de la dernière chance, Ciro réussit à convaincre une Maria Clara jeune infirmière de lui procurer quelques derniers instants de plaisir et de le débrancher pour abréger ses souffrances.
Neto le mulâtre connut lui aussi une passion pour Célia, belle mulâtresse comme lui mais ne supporta pas sa mort prématurée par rupture d’anévrisme et s’enfonça dans un cycle infernal de dépressions et de médicaments.
Pour finir le père Graça qui a supervisé les obsèques des cinq homme abandonne ses fonctions de prêtre à Rio de Janeiro et part se consacrer à une organisation écologique dans le Mato Grosso.
Au cours d’une exploration forestière il reçoit une balle et voit aussi sa dernière heure arriver.
En conclusion, « Fin » est une œuvre surprenante, profonde et puissamment écrite.
Torres nous fait vivre avec talent et maitrise le destin croisé de ces cinq copains de la même génération aussi différents les uns que les autres et parvient à nous émouvoir en nous montrant comment une vie se déroule en accélérée jusqu’au point que bien souvent personne ne veut prendre en considération : la fin, qu’elle soit brutale ou l’aboutissement d’un long processus de vieillissement.
On ressort donc charmé, bouleversé et admiratif par la qualité de ce roman hommage avec en toile de fond les beaux quartiers d’un Rio de Janeiro finalement assez discret.
Espérons donc que « Fin » ne soit que le début d’une longue œuvre littéraire !

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