The Shield : analyse finale

Après avoir terminé l’intégrale de « The Shield » je ne peux résister à développer une analyse plus approfondie de la série.
Son évolution est il est vrai captivante, montant crescendo dans la dramaturgie au fur et à mesure que la « Strike team » menée par le charismatique Vic Mackey s’enfonce dans des affaires toujours plus boueuses et à vrai dire inextricables.
Dès la première saison, un clivage se fait entre ceux qui « savent » que l’officier Crowley a été assassiné par Vic et ceux comme Lemansky et Ronnie qui l’ignorent et quelque part sont manipulés par leurs collègues.
Jusqu’à la dernière saison, Ronnie apparait vraiment comme le plus effacé de la bande et ne jouer qu’un rôle de figurant timoré.
Lemansky, le grand blond athlétique joue lui pleinement son rôle de flic de choc en démontrant de grandes capacités de sang froid dans les interpellations musclées.
Mais ses remords le placent dans une situation plutôt délicate au sein de la Strike team et sa très/trop grande fidélité au groupe finira par lui coûter la vie.
Bien entendu, aux cotés de Vic, l’autre grand personnage de la bande est Shane, l’éternel lieutenant un peu péquenaud et raciste, voulant imiter son mentor sans en avoir les possibilités et se plantant régulièrement lorsqu’il essaie de racketter maladroitement plus fort que lui comme Antwon Mitchell ou la Mafia arménienne.
La relation entre Vic et Shane est pour moi le réel fil conducteur de la série depuis son commencement jusqu’au dernier épisode.
Vic est quant à lui le mâle alpha. Chauve, petit mais trapu et très puissant, il en impose naturellement aux gangsters qu’il domine aussi bien par son physique que par son fort tempérament.
L’impression de violence que dégage Vic n’est pas qu’une image projetée à son gré, elle correspond à une réalité bien ancrée en lui comme le montrent les innombrables scènes de bastonnades, tortures et exécutions de la série.
La seule chose que semble parfois atteindre ce bloc de granit d’une intelligence et d’une efficacité redoutables sur le terrain est sa famille, ses deux enfants autistes et sa femme Corinne qu’il continuera de vouloir protéger même après qu’elle ait demandé le divorce.
Ceci constitue également un point commun avec Shane, qui développera une relation fusionnelle et extrême avec Mara.
Vic semble également avoir une relative faiblesse envers les femmes et les jeunes en détresse, comme le laissent voir ses multiples tentatives pour aider des prostituées ou des adolescents paumés à sortir de la rue.
Autour de ces durs à cuir qui excellent à nager en eaux troubles au milieu des gangsters, gravite la vie presque « normale » du commissariat : Aceveda qui après avoir montré la face d’un capitaine latino psychorigide voulant à tout prix coincer Vic le ripoux, révèle sa vraie nature : celle d’un homme ambitieux prêt à tout pour se frayer un chemin en politique.
Personnage ambigu et complexe, Aceveda connaitra une phase sombre particulièrement intéressante après avoir subi un viol qui lui pourrira l’existence longtemps.
Wyms représente elle l’intégrité même, le courage aussi face à la maladie qui la ronge.
Son refus des compromis dans ce monde de squales retardera de quelques saisons son ascension vers le poste de capitaine, finalement obtenu en raison de ses formidables compétences d’inspectrice, démultipliées par son partenariat avec Dutch, le cérébral de l’équipe, aussi habile dans les interrogatoires que désespérant dans sa vie amoureuse.
Derrière, malgré un potentiel évident, les personnages de Danny, courageuse agent entretenant une relation complexe avec Vic qui lui fera un enfant et Julian l’athlétique noir rongé par son homosexualité refoulée, s’effaceront progressivement au profit des protagonistes de premier plan.
Si les saisons avec Glenn Close et Forrest Whitaker sont parmi les meilleures,  « The Shield » ne connait pas réellement de baisse et de régime et s’offre même une ultime saison en apothéose.
Sans vouloir excuser la violence et la corruption de ces flics de choc habitués aux dérapages, « The Shield » est également une plongée saisissante au cœur des quelques 200 gangs de Los Angeles : Mexicains, Salvadoriens, Noirs, Arméniens et Russes régnant en maitre sur les quartiers les plus pauvres de la ville en contrôlant le trafic de drogue, d’armes et d’êtres humains (prostitution, immigration clandestine).
L’extrême jeunesse des voyous frappe mais montre également la puissance de l’embrigadement de ses organisations dont les plus structurées comme les cartels entretiennent des relations avec les politiciens ou des policiers corrompus répartis sur plusieurs pays.
Impossible également de parler de « The Shield » sans faire la comparaison avec « Sons of anarchy », l’autre série écrite par Kurt Sutter : on y retrouve des histoires brillamment construites, passionnantes et complexes, cette même fraternité « à la vie à la mort » d’un petit groupe soudé, le code de l’honneur tacite des flics de choc ou des motards, la virilité et l’humour en prime.
La musique métal/rock est également présente dans « The Shield » mais à un niveau moins symbiotique que dans « Sons of anarchy » qu’elle sublime littéralement.
En conséquence, il me sera difficile je pense de trouver mieux que ces deux pépites qui m’ont complètement fasciné.

Commentaires