Bel-Ami (Guy de Maupassant)

Après Balzac, voici un autre géant de la littérature française en la personne de Guy de Maupassant avec ici son « Bel-Ami ».
Nous sommes encore ici au XIX iéme siècle, vers 1885, date de la publication du roman.
« Bel-Ami » conte la folle ascension de George Duroy, fils de modestes paysans normands, qui après une carrière ratée en tant qu’officier de l’armée française en Algérie, décide de réussir par tous les moyens à Paris.
Dépensier, peu travailleur ni particulièrement doué, George Duroy mise avant tout sur son physique plutôt avantageux qui lui confère un  certain succès auprès des femmes.
Après quelques temps de vaches maigres, la chance lui sourit puisqu’il rencontre par hasard Forestier un ancien camarade de l’armée, qui a depuis réussi une fort belle carrière dans la presse écrite.
Rédacteur politique à « La Vie Française » , Forestier est un homme influent qui a ses entrées dans les milieux politiques et intellectuels parisiens.
Bien que malade et diminué physiquement, Forestier donne sa chance à son ami en lui demandant de rédiger ses souvenirs d’Afrique du Nord.
Duroy se rend vite compte de ses piètres qualités de journaliste, mais il en profite pour faire la connaissance de Madeleine la femme de Forestier qui est en réalité son nègre secret et la principale ame littéraire du journal.
Profitant des relations de son ami, Duroy fréquente les soirées mondaines et les lieux nocturnes parisiens.
Il teste son aura sur Rachel une prostituée des Folies-Bergères qu’il parvient à séduire puis s’enhardit en devenant l’amant de Madame de Marelle, riche et belle épouse d’un ami de Forestier.
Après avoir échappé de peu à la mort au cours d’un duel, Duroy s’arrange pour apprendre les ficelles de son métier, joue sur plusieurs tableaux en emprutant au culot de l’argent à ses relations et en se rapprochant de Madeleine.
Il réussit un coup de maître en anoblissant son nom et en l’épousant après la mort de son mari à Cannes.
Devenu à son tour rédacteur en chef, il profite à temps plein des talents aguisés de sa femme pour se faire une solide réputation dans les milieux journalistico-politiques.
Duroy s’enrichit en volant à sa propre femme la moitié d’un héritage qu’un de ses anciens amants lui avait légué à sa mort.
Mais ivre de pouvoir et d’argent, il devient insatiable, cherchant à séduire Madame Walter la femme de son patron le richissime Walter.
Plus âgée que lui elle ne tarde pas à tomber sous son emprise.
Duroy la manipule à loisir parvenant du même coup à se rapprocher de sa fille la jeune Suzanne dont il parvient à gagner la confiance.
Dans le même temps il continue à fréquenter sa maîtresse originelle Madame de Marelle auprès de laquelle il éprouve une véritable passion charnelle.
Duroy réussit un autre tour de force en surprenant sa propre femme en délit d’adultère avec le ministre des affaire étrangères Laroche-Mathieu dont il jalousait le succès.
Il brise du même coup la carrière d’un rival et se débarrasse de sa femme dont il estime avoir tiré l’essentiel.
Dés lors il jette toute ses forces pour enlever Suzanne Walter et contraindre ses parents paralysés par le deshonneur à lui donner en mariage.
Le roman se termine en apothéose avec le triomphe du parvenu après un mariage retentissant avec la fille de l’un des hommes les plus riches de France.
En conclusion, « Bel-Ami » est un roman passionnant qui tient en haleine du début à la fin.
Le style de Maupassant est limpide, fluide, agréable plonge dans l'atmopshére ultra réaliste du Paris mondain du XIX iéme siécle mais c’est surtout la construction complètement amorale du roman qui fascine.
L’auteur renverse ici les stéréotypes de l’époque qui voulaient qu’une femme réussisse par son physique avantageux et ses mariages, en dépeignant le portrait d’un homme médiocre mais manipulateur et sans état d’ame qui utilise les femmes comme marchepied vers sa propre gloire.
Derrière le parcours de ce brillant gigolo, certaines pages abordent cependant des thèmes plus profonds comme la tirade du poète Norbert de Varenne qui révèle le pensée intime et plus pessimiste de l’auteur par rapport à la vieillesse, la déchéance et la mort.
Sulfureux, dérangeant et brillant « Bel-Ami »  est donc un succulent roman d’époque dont on ne se lassera vraisemblablement jamais.

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