L'échiquier du mal, tome un (Dan Simmons)

J 'ai lu « L'échiquier du mal » de Dan Simmons lorsque j'avais 25 ans et je me souviens avec émotion de cette lecture envoutante lorsque j'étais dans ma petite piaule de l'armée à Montpellier ou dans les trains me ramenant chez moi le week-end.
C'est donc avec un grand plaisir que j'ai relu le premier tome sorti en 1989.
A Charleston dans les années 80, petite ville du sud des États-Unis a lieu une série de meurtres aussi étranges qu'abominables.
Ceci conduit plusieurs personnes que rien au départ ne relie à s'unir pour rechercher les coupables.
Ainsi, Nathalie Preston la fille d'un photographe noir victime de la tuerie et Bob Gentry le shériff local vont rencontrer Saul Laski, professeur en psychologie qui va les mettre sur la voie de tueurs télépathes utilisant les humains comme des pions dans un jeu à l'échelle planétaire.

Rescapé du camps d'Auschwitz en 1944, Laski recherche en effet frénétiquement son bourreau, l'Oberest Wilhelm Von Borchert, qui l'avait utilisé dans ses parties d'échecs et de chasse avant de le laisser s'échapper par miracle.
Borchert devenu Borden, un producteur de cinéma à succès aux États-Unis, est un vieil homme qui a simulé sa mort dans un accident d'avion afin de duper ses partenaires de jeu regroupés dans club appelé le Island.
Mais la traque d'un ex nazi télépathe s'avère une entreprise à hauts risques qui coute la vie aux détectives privés engagés par Laski ainsi qu'à son neveu Aaron, pourtant membre des services secrets israéliens.
Néanmoins, Gentry et Preston retrouvent la trace de Melanie Fuller, une vieille femme de 80 ans ayant éliminé sa rivale Nina Drayton à Charleston au prix de huit horribles morts.
En cavale, Fuller revient sur sa décision de fuir vers le Sud de la France et se replie vers une cote Est tant abhorrée en utilisant Vincent, un vagabond pris en autostop qu'elle transforme en tueur dévoué.
Elle trouve refuge à Germantown, un quartier déshérité de Philadelphie occupé par une population pauvre noire.
Mais un massacre au sein du gang de rue le Soul brickyard occasionné par Vincent en représailles attire tout le monde à Germantown y compris Laski recruté malgré lui en raison de son « lien » avec l'Oberest.
Gentry le gros shériff intelligent et généreux tombé amoureux de Nathalie la suit sur place et découvre qu'elle est tombée dans les griffes de Tony Harod, l'un des membres de Island.
Minable producteur californien de films combinant horreur et érotisme, Harod est forcé par la caste dirigeante du club composée par Coblen et Kepler de retrouver et d'éliminer Fuller.
Gentry sauve Nathalie en utilisant l'effet de surprise pour assommer Harod avant qu'il ne déploie son effrayant pouvoir de contrôle mental mais le couple est poursuivi dans les rues de Germantown par un bus en furie piloté par Colben.
Il s'en tire par miracle et est recueilli par Malvin, le chef des Soul brickyard, qui a sympathisé avec Nathalie en appréciant sa coopération pour retrouver la meurtrière de ses collègues.
Mais Colben et Kepler déploient des centaines d'agents du FBI pour retrouver Fuller ce qui entraine une violente guerre de rue mettant aux prises agents fédéraux, gangsters et créatures sous l'emprise de la vieille télépathe.
Dans un chaos indescriptible, Gentry est égorgé par Vincent lui-même abattu par Nathalie.
Chose incroyable, Fuller parvient à échapper à Colben équipé pourtant d'un hélicoptère et d'un fusil à lunette de haute précision et trouve refuge auprès d'enfants d'une ferme isolée de Philadelephie.
En conclusion, « L'échiquier du mal, tome 1 » reste malgré ses trente ans à présent le chef d’œuvre de Simmons et continue à captiver le lecteur par son atmosphère riche en rebondissements.
L'idée de base de penser à l'existence d'une race « supérieure » de mutants télépathes influençant le monde et jouant avec les gens comme des pions est géniale mais Simmons la développe en introduisant des touches personnelles : son héritage judaïque, son amour pour le Sud des États-Unis, un questionnement autour du thème de la domination et de la violence, ainsi qu'une touche sociale marquée en décrivant les difficultés de la communauté noire la plus pauvre.
De manière finalement logique, ce sont les méchants qui sont les plus fascinants que ce soit le cruel Oberest rescapé du IIIeme Reich, l'impitoyable prédatrice Fuller ou le fantasque Harod utilisant ses dons plus pour sa jouissance sexuelle que pour le pouvoir absolu.
Une seule attente donc, dévorer le tome 2 ! Ne serait ce que pour rajeunir de 20 ans !

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