Splendeur et misère des courtisanes (Honoré de Balzac)

Honoré de Balzac avec l’un des ses romans les plus connus mais également les plus volumineux « Splendeur et misère des courtisanes » que l’auteur mis neuf ans à écrire entre 1837 et 1848.

L’histoire se situe dans la tranche historique habituelle de Balzac, dans le Paris de la Restauration peu après l’ère Napoléonienne.

Le protagoniste principal de cette histoire complexe et retorse est Lucien de Rubempré petit noble désargenté d’Angoulême, qui s’est brulé les ailes au contact de la vie parisienne en voulant suivre sa vocation littéraire.

Même si le jeune homme est perclus de dettes, sa grande beauté lui a néanmoins permis de réussir de prestigieuses conquêtes féminines comme le duchesse Anne de Maufrigneuse ou la comtesse de Sérisy.

Lucien a également trouvé à Paris un mentor en la personne d’un forçat évadé du nom de Jacques Vautrin qui se fait passer pour un abbé espagnol répondant au nom de Carlos Herrera.

Intelligent, déterminé et d’une force physique prodigieuse, Vautrin est considéré comme un grand caïd de la pègre mais fait preuve d’un fort attachement quasi paternel envers Lucien.

Vautrin va donc utiliser les talents de séducteur de son protégé pour piéger les femmes, notamment Clotilde de Grandlieu, fille d’un riche noble qu’il désire faire épouser à Lucien pour le renflouer.

Mais c’est surtout le puissance de l’amour d’une belle courtisane, Esther que va exploiter le forçat pour manipuler la jeune femme afin de la pousser à séduire un vieux banquier juif alsacien le baron de Nucingen.

Esther accepte par amour pour Lucien de se laisser acheter par Nucingen et lui soutire d’immenses sommes d’argent.

Habile stratège, Vautrin place ses pions pour arriver à ses fins et utilise deux femmes dévouées, Europe et sa tante Asie experte dans l’art du déguisement pour s’assurer de la solidité de ses prises.

Mais il se heurte à Corentin, l’un des plus redoutables espions de Paris, mandaté par le duc de Grandlieu pour découvrir la vérité sur les intentions de son futur gendre.

La lutte à distance entre Corentin et Vautrin aidés de leurs auxiliaires, servira de toile de fond à une bonne partie du roman et le premier semblera prendre le dessus en brulant la couverture de Lucien et en faisant capoter son lucratif projet de mariage.

L’intrigue finira par se dénouer lorsque la pauvre Esther, consumée par son amour impossible pour son ancien amant et incapable de se donner physiquement au vieux banquier se suicidera, ce qui aboutira à l’arrestation du tandem Lucien-Vautrin.

Ce suicide sera d’autant plus cruel à accepter que peu après sa mort, on apprendra que Esther était l’héritière d’une riche famille hollandaise, les Gobseck.

En détention, Lucien s’effondre psychologiquement et se suicide également en apprenant l’acte désespérée de son ancienne amante.

Il reste alors Vautrin à qui est consacré la dernière partie du roman.

L’homme révèle alors une force morale incroyable, capable de le faire résister à l’univers carcéral, de garder son ascendant sur les voyous chargés de l’éliminer par son rival Bibi-Lupin mais aussi de lui faire tenir son rôle de prêtre malgré le feu roulant des questions de ses adversaires le juge Camusot et le procureur général Granville.

Homme fin et pragmatique, Granville accepte de négocier avec le redoutable chef de gang en lui accordant la grâce d’un de ses amis condamné à mort en échange de la remise des correspondances compromettantes de Mesdames de Grandlieu, de Sérisy et de Maufrigneuse.

Après que chacun des deux hommes ait honoré son marché, que Vautrin ait conclu un pacte de neutralité avec le terrible Corentin, Granville accepte de le nommer chef de la sureté à la place de son ennemi juré Bibi-Lupin.

En conclusion, « Splendeurs et misères des courtisanes » condense à lui seul tout l’univers Balzacien avec ses qualités mais aussi ses défauts.

Avec Balzac, les provinciaux ambitieux et naïfs se brulent les ailes à Paris,  les relations amoureuses ne sont que mues par l’intérêt financier ou se concluent tragiquement lorsqu’elles reposent sur la pureté des sentiments.

L’écrivain accorde une place prédominante aux femmes mondaines, tirant les ficelles en faveur de leurs amants ou des leurs maris, mais en les décrivant sous des aspects assez répugnants : calculatrices, vénales, superficielles et sans morale.

J’ai trouvé ce tortueux monde de mensonges et d’argent peu attractif et n’ai pas gouté l’admiration presque béate de l’auteur devant Vautrin, véritable surhomme capable de se sortir par la force ou la ruse de toute situation au point de tenir tête à lui tout seul aux criminels et à toute la justice.

Sur la forme, le style de Balzac est ici particulièrement pesant avec des descriptions à rallonges de lieus et de personnages.

Le monde judiciaire est également longuement et soigneusement décrit alors que ce souci du détail n’apporte pas grand-chose à l’intrigue.

Aussi bien sur le fond que sur la forme, « Splendeurs et misères des courtisanes » m’a été bien délicat à apprécier.

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