L'art de la guerre (Sun Tzu)


Un livre un peu atypique dans ces colonnes, « L’art de la guerre » de Sun Tzu.
On sait peut de choses sur l’origine de cet ouvrage et de cet auteur, si ce n’est qu’il a du être écrit en Chine entre le VI ieme et le Viéme siècle avant Jésus Christ, ce qui en fait le plus vieil ouvrage de stratégie militaire connu.
A cette époque se déroulait le règne des Royaumes Combattants, période trouble et belliqueuse de prêt de trois siècles durant laquelle sept grand états émergents se sont disputés la suprématie en Chine.
On suppose donc que Sun Tzu faisait partie de ces nombreux conseillers et experts militaires itinérants dont s’entouraient les monarques pour faire face au innombrables conflits déchirant leur pays.
Dans « L’art de la guerre » Sun Tzu explique donc ses théories sur la manière de mener un conflit armé.
Il décrit alors les éléments à prendre en compte pour le général en campagne comme les conditions climatiques, géographiques ou plus étonnamment l’influence morale d’un chef sur ses hommes.
En parcourant ce livre on a donc l’impression de lire ni plus ni moins que du guide du parfait meneur d'hommes.
Ce qui frappe outre l’aspect stratégique basé sur une guerre de mouvement et sur la recherche de l’effet de surprise c’est la forte dimension psychologique de l’ouvrage.
Sun Tzu excelle dans l’analyse des forces et faiblesses non seulement de sa propre armée mais surtout de celles de l’ennemi.
Il incite donc à développer des stratégies de reconnaissances poussées allant jusqu’à l’infiltration des rangs ennemis par des espions.
Les manières dont il explique l’art de corrompre un ennemi, de le retourner, mais surtout de le duper dénotent le regard d’un homme doté de grandes facultés d’analyse du psychisme humain.
De la qualité de cette tactique de renseignement et des préparatifs soigneux du général, dépendront grandement la réussite de l’entreprise.
Mais Sun Tzu donne aussi des conseils aux généraux, qui doivent être calmes, justes mais sévères, montrer l’exemple en accomplissant des taches pénibles, se faire respecter et surtout aimer par leurs hommes pour pouvoir les galvaniser au moment opportun.
Le courage sans tempérance est vu comme un défaut confinant à l’aveuglement et la bêtise, la prudence exagérée à l’indécision et à la faiblesse.
Il est important de noter que pour Sun Tzu un général en campagne doit pouvoir s’affranchir de l’autorité de son souverain car l’art de la guerre nécessite de grandes facultés de réactions et d’adaptations incompatibles avec une gestion du commandement à distance.
Souplesse, réactivité, ingéniosité et discipline sont donc les qualités premières d’une armée bien commandée.
La métaphore des deux anneaux entrelacés pour symboliser les infinies combinaisons de la force normale et de la force extraordinaire capable d’enlever la décision, confine au sublime.
En conclusion, « L’art de la guerre » est un livre impressionnant de modernité si on tient compte de son incroyable vétusté.
Il dénote le pragmatisme d’un homme de terrain et la finesse d’un homme intelligent ayant beaucoup observé les hommes et leurs comportements dans des situations aussi extrêmes que la guerre.
Son influence perdurera jusqu’à Mao Tse Tung modèlera pendant des siècles les techniques militaires chinoises, japonaises ou russes.
Certes depuis Sun Tzu, les techniques militaires ont incroyablement évoluées, l’aviation et l’artillerie ont envoyé les fantassins, archers et cavaliers au musée mais cet ouvrage demeure une référence importante en terme de doctrine militaire avec d’étonnantes notions de morale concernant le fait d’épargner un ennemi en déroute et de parvenir à résoudre un conflit sans déclencher de guerre, ultime et coûteux moyen en ressources matérielles et humaines d’un état.
On pourra également aussi éternellement fantasmer en imaginant Alexandre le Grand faire un détour sur sa route et se lancer à l’assaut de cette Chine aussi en avance sur son époque en matière de stratégies militaires …

Commentaires