Blanc comme neige (George P Pelecanos)

 



Intrusion dans le monde du polar américain avec « Blanc comme neige » de George P Pelecanos.

Singulier écrivain que Pelecanos, qui écrit des polars sur fond de problèmes raciaux.

Si James Ellroy a Los Angeles, Pelecanos lui place ses intrigues à Washington DC.

Le choix de Washington est important à mentionner car cette ville compte une majorité d’afro-américains généralement pauvres et que le taux de criminalité y est parmi les plus élevés des Etats Unis.

La corrélation entre critère racial et crime est ici impitoyable, car selon les statistiques un afro-américain sur deux à Washington est allé au moins une fois dans sa vie en prison.

L’intrigue de « Blanc comme neige » est relativement classique.

Un détective privé noir d’age mur répondant au nom de Derek Strange est chargé par une mère de famille d’enquêter sur la mort de son fils Chris Wilson qui était policier.

Un soir alors qu’il interpellait en civil un suspect blanc, Chris est abattu par méprise par une patrouille de police.

Les circonstances de la bavure sont troubles et si Terry Quinn le policier blanc qui a abattu l’homme ressort innocenté de l’enquête, il est contraint sous la pression médiatique de quitter la police, se reconvertissant en libraire.

La mère de Wilson, bien qu’indemnisée par la police, ne digère pas cette mort et convainque Strange d’accepter l’enquête.

Rapidement Strange s’aperçoit que Quinn est innocent et les deux homme se lient d’amitié.

Consciencieux, Strange recoupe les faits et établit des incohérences dans les témoignages recueillis, notamment celui de Franklin le coéquipier noir de Quinn présent ce soir la.

Ils s’aperçoivent que la sœur de Wilson était devenu une toxicomane dépendante à l’heroine ,qu’elle avait disparu et que son frère fou de rage et d’inquiétude la cherchait en justicier solitaire.

L’enquête oblige donc les deux hommes à pénétrer dans l’univers des squat, des drogués, des dealers, des gangs et des flics corrompus.

Pelecanos construit son récit à la manière dont on assemble peu à peu les pièces d’un puzzle.

Le style est agréable, direct avec le quota de violence et de sexe nécessaire pour ce type d’ouvrage.

La question raciale est omniprésente,  et semble l’obséder.

Le fait qu’il se place souvent du coté des noirs m’a longtemps laissé croire qu’il l’était lui même et qu’il écrivait pour défendre sa communauté mais cela n’est pas le cas, Pelecanos est un blanc d’origine grecque.

Dans ce livre, le constat est souvent celui d’une impossibilité de vie entre noirs et blancs.

Ainsi Quinn a une liaison avec une métisse mais leur couple rencontre tellement des difficultés liées au regard des autres qu’ils préfèrent renoncer devant l’ampleur de la tache.

Ce constat d’échec me laisse rêveur car la mixité raciale semble se propager de plus en plus dans les société modernes, et Pélécanos le reconnaît lui même brièvement chez les jeunes couples.

Serait ce donc un problème typiquement américain voir propre à Washington ?

Les passages les plus marquants de ce livre ont été pour moi les descriptions de squat ou des morts vivants en sursis descendent chaque jour au plus bas qu’un être humain puisse aller, perdant toute dignité ou pudeur pour satisfaire leur addiction mortelle.

Les quelques pages entre Strange et sa mère mourante sont également de courts moments de beauté dans ce monde désespérément pourri.

Un livre agréable mais qui ne surpassera pas un  bon James Ellroy ou « Envoie moi au ciel Scotty » de Michael Ginzburg qui traite grosso modo du même univers.

Apparemment le livre le plus connu de Pelecanos est « King Suckerman »

A noter que cet auteur dont l’œuvre est très musicale (vieille musique soul des années 60 ,country et musique de western ) bénéficie d’un statut culte auprès de  certains rappeurs américains comme Snoop Dog ou P Diddy, ce dernier tentant d’adapter  « King Suckerman » au cinéma.

Pour ma part, roman agréable mais manquant véritablement d’originalité par rapport aux pointures du genre.

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