Titus, le martyre des Juifs (Max Gallo)

 



3iéme volet de la série consacrées aux Romains par Max Gallo : "Titus, le martyr des Juifs".

A mon sens il est préférable d'avoir lu avant le tome 2 consacré à Néron pour une meilleure compréhension.

On retrouve ainsi Sérènus, l'ancien disciple de Sénèque comme narrateur principal.

Sur le front de l'Orient, Vespasien est appelé pour réprimer la révolte du peuple Juif emmené par plusieurs courants de combattants : zélateurs, dévots, sicaires.

Son fils Titus le seconde en temps que légat.

En 68 la mort de Néron fait place à une grande période d'instabilité.

L'année 69 pas vraiment érotique donne lieu à de féroces luttes pour le pouvoir.

4 empereurs se succèdent en 1 an et une sanglante guerre civile fait 50 000 morts avant que n'émerge de cette mêlée furieuse Vitellius.

En Orient, Vespasien est presque désigné  d'office empereur pas ses troupes en raison de son immense popularité et de ses succès militaires.

Il se rend donc à Rome, écrase Vitellius et devient empereur en 69.

Homme mesuré et lettré, son règne sera celui de la clémence, de la culture ,de la stabilité et des grandes constructions comme l'édification du Colisée.

Son fils Titus prend le relais de la guerre de Judée.

Titus est présenté initialement comme un jeune homme peu fréquentable ayant côtoyé Néron dans ses sorties perverses mais rapidement ses nouvelles responsabilités lui conférent une nouvelle dimension.

L'ouvrage relate les batailles sanglante entre légions romaines et insurgés Juifs avec les sièges de Jotapa, Massana et culmine avec la prise de Jérusalem en 70 après une lutte acharnée.

Jérusalem sera incendiée, pillée, sa population massacrée et ce malgré les directives de Titus qui pour une fois ne parviendra pas à faire obéir ses légions ivres de haine après de féroces combats.

Le récit atteint un paroxysme de violence, supérieur pour moi à tous les autres livres de la série pourtant déjà plutot bien dotés en la matière.

Par moment s'en est même écœurant, on souhaiterait sortir un peu de cette ambiance de mort et de massacre, mais après tout c'est la guerre qu'on nous raconte par une partie de colin-maillard fripon.

On remarque l'acharnement des Juifs, leur fanatisme, leur refus de plier face à une armée supérieure militairement.

Certains Juifs (apostats) se rallient à la cause des Romains, proclamant que Yahvé les avait choisi.

Le livre pose donc une question de fond très intéressante : Vaut il mieux vivre en esclavage mais en restant vivant propager sa religion, sa culture au fil des ages ou au contraire lutter jusqu'à son dernier souffle en refusant l'assimilation au risque de courir à l'extinction ?

Plusieurs courants s'affrontent chez les Juifs.

Flavius Joseph juif rallié à la cause Romaine, protégé par Vespasien car il lui avait prédit qu'il serait empereur joue un rôle charnière dans le récit, créant un lien entre le point de vue Romain et Juif.

Titus apparaît comme un chef de guerre, certes dur et cruel quand il le faut, mais désirant éviter les bains de sang, le massacre des populations civile et proposant toujours aux insurgés de se rendre en leur garantissant le respect de leur culte.

Mais la résistance inflexible des citadelles juives le force à pratiquer le massacre, à crucifier des prisonniers afin de montrer que sa pitié n'est pas de la faiblesse.

Titus s'éprend même d'une reine juive Bérénice, ralliée à la cause des Romains.

Cette liaison lui vaudra quelques problèmes et le conduira à la chasser lors de son accession au titre d'Empereur tant la présence d'une juive à ses cotés déplaisait à Rome.

Comme quoi passer un certain niveau de pouvoir, politique et affaires de cœur semblent incompatibles.

Titus entretient donc une relative clémence instauré par son père Vespasien.

En 70 à  la mort de Vespasien, mort par maladie semble t il , Titus revient à Rome pour régner.

Son règne sera marqué encore une fois par la clémence, exil des délateurs professionnels, jeux sans mort d'homme, soutien aux victimes de la catastrophe de Pompéi, achèvement du Colisée.

Malheureusement il mourra 2 ans après, victime de la peste.

Son frère Domitien qui lui succédera sera surnommé le "Néron chauve" , titre somme toute plutôt évocateur.

Titus restera donc pour la postérité comme celui qui aura le premier pris Jérusalem et réduit la révolte de Judée.

Sur le roman en lui même,  comme je l'ai dit précédemment j'ai été effaré de la violence non stop des batailles et un peu ecoeuré par ce bain de sang quasi continu.

Sérènus, apparemment converti au Christianisme semble complètement délaisser la philosophie de son ancien maître Sénèque et basculer du coté des religions monothéistes.

Pour ma part étant athé, j'adopte presque toujours inconsciemment le point  de vue plus pragmatique des Romains perplexes devant tant d'acharnement et d'intransigeance.

En effet Chrétiens et Juifs s'insultaient même à quelques instants de leur crucifixion, s'excluant mutuellement.

Un roman intéressant donc bien que plus éprouvant et difficile à digérer que les autres.

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