Profondeurs (Henning Mankell)
Je n'avais jamais lu de roman d'Henning Mankell.
Je savais juste qu'il écrivait des romans policiers qui trustaient les sommets de ventes, ce qui ne intéressait à priori pas nécessairement.
La couverture de "Profondeurs" m'a pourtant attirée ,belle page de papier glacé avec une barque échouée sur un fond de mer nuageux vert pale.
Une impression de solitude et de calme nordique intrigante.
Le résumé au dos du livre m'a finalement décidé à tenter l'expérience.
"Profondeurs" n'est pas un roman policier , c'est un livre difficilement classable qu'on pourrait qualifier de roman-fiction introspectif et psychologique.
L'histoire se déroule aux prémices de la guerre de 14-18.
Tobiasson-Svartman est un capitaine de la marine suédoise qui reçoit l'ordre de cartographier les fonds marins de la mer Baltique en vue de trouver de nouvelles routes secrètes pour les navires suédois.
Hydrographe de formation, Tobiasson est un homme d'apparence sérieuse, froide et méthodique.
Son obsession est de tout mesurer et de tout contrôler dans sa vie.
Pourtant ceci n'est qu'un masque, au fond de lui il est très torturé ,mal à l'aise dans sa vie de couple et hanté par la recherche de son moi profond ,de l'atteinte de ses profondeurs intérieures.
Au cours d'une expédition Tobiasson découvre une île abandonnée ou vit une femme seule Sara.
Il va tomber amoureux de cette femme et mener une double vie entre son épouse légitime à Stockholm Kristina et ses visites secrètes sur l'île déserte.
S'enfermant dans un réseau inextricable de mensonges ,négligeant ses activités militaires au profit de son obsession, Tobiasson va peu à peu s'enfoncer dans les abimes de la folie menant aux actes les plus dramatiques.
"Profondeurs" est un livre relatant la quête auto destructrice d'un homme hanté.
Le parallèle entre l'étude des profondeurs abyssales des fonds marins et les propres profondeurs intérieures du personnage principal est constant , pesant, appuyant sur la poitrine du lecteur comme s'il se trouvait soumis aux pressions des grands fonds.
Tout autour du récit sobre ,glacé et douloureux plane également le spectre de la mort.
La guerre toute proche ne joue finalement qu'un rôle secondaire et on se retrouve fasciné, entraîné à son corps défendant par une lourde pierre dans cette descente sans retour.
J'ai beaucoup aimé l'idée d'un homme à multiples facettes ,cachant ses troubles intérieurs et sa folie par une apparence sécurisante de contrôle et de normalité.
Peut être parce que je me reconnais un peu par certains endroits de part du rôle dans la comédie sociale que nous devons chaque jour jouer.
La notion de contrôle est également importante dans mon travail.
Un roman intéressant, introspectif et sombre qui emmènera le lecteur au bout de lui même et au bord de ses propres frontières personnelles si bien entendu il prêt accepter ce voyage dérangeant ...
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