Psychologues du crime (Florent Gathérias, Emma Oliveira)

 



Dans « Psychologues du crime » (2019) deux psychocriminologues de l'OCRVP, Florent Gathérias et Emma Oliveira décident de vulgariser leur métier assimilé à celui des célèbres profilers américains.

Les deux experts commencent tout d'abord par se présenter, Gathérias étant en quelque sorte le mentor d'Emma, entrée dans la police presque par hasard, mais qui a ensuite découvert toute la richesse et l'utilité de sa profession durant une première affectation formatrice dans les commissariats de Seine Saint-Denis.

Mais plus que d'offrir des considérations théoriques générales sur la nature de leurs activités, « Psychologues du crime » s'attache à décrire la résolution de quatre affaires emblématiques les illustrant.

La première d'entre elles est celle d'un tueur en série, dit de l'Essonne, soupçonné d'avoir assassiné en 2012, trois personnes à coups de pistolets.

Marc, le petit-ami de la première victime fait rapidement des aveux, mais l’occurrence de deux autres meurtres avec la même arme et dans la même zone géographique, finissent par le disculper pour un profil autrement plus inquiétant.

Trahi par son goût pour les motos sportives, Arun est finalement identifié. L'analyse de sa personnalité le décrit comme prompt à la frustration, l'impulsivité et la violence.

Emma découvre une relation d'amour/haine avec sa mère et un violent rejet du père, racine de la psychose devant s'exprimer par des meurtres commis au hasard.

La seconde affaire, plus sordide, raconte la mort subite de Marie-Laure, une jeune étudiante en médecine, retrouvée dans l'Yonne après un gala de danse.

Cette fois-ci, l'ADN retrouvée sur sa voiture pourtant immergée, permet identifier un suspect.

Tout d'abord présenté comme un marginal, voleur de voiture assez inoffensif, Rudy révèle en fouillant une nature plus inquiétante avec une ancienne affaire d'agression de femme, heureusement restée sans conséquence.

Malheureusement, le mobile de la mort de Marie-Laure restera à jamais flou, le voleur de voiture finalement condamné, n'osant avouer ses véritables pulsions agressives et sexuelles.

Sexualité encore avec l'affaire du violeur des balcons de Perpignan, un homme s'introduisant la nuit dans les logements de femmes seules ayant laissé leurs fenêtres ouvertes l'été, pour abuser d'elles sous la menace.

Mais ce profil aura comme particularité de ne pas produire d'escalade dans la violence et de parfois renoncer au motif de certains principes, comme par exemple la découverte d'une mère de famille.

Face à des services locaux dépassés, Emma identifie un homme bien intégré socialement mais ayant honte de ses terribles fantasmes. Sa toxicomanie le perdra finalement, le conduisant à commettre une imprudence fatale. Et paradoxalement mettra fin à une aventure devant se conclure par un suicide programmé.

Enfin, last but not the least, l'abominable affaire Mohamed Merah, terroriste islamiste de Toulouse, entrainera le lecteur au cœur de l'action, puisque Emma a participé aux opérations du RAID ayant conduit à sa neutralisation.

Ici, Emma qui a tenu a visionné l'horreur des images filmées par la Gopro du terroriste, reconnaît ses limites pour expliquer ses motivations, et Florent revient en soutient expliquer le processus d'embrigadement et de conditionnement des terroristes, visant à choisir de jeunes personnes fragiles désireuses de transformer une vie d'échecs et de frustration en moment glorieux.

Le djihad ne sert ici selon les psy que de prétexte à accomplir un acte fort visant à étancher un grand vide et mal-être intérieur.

En conclusion, « Psychologues du crime » est un ouvrage de vulgarisation sur le fonctionnement des psychocriminologues au sein d'unités spécialisées de la police.

Le recours à quatre exemples permet de s'immerger plus facilement dans le processus de résolution des affaires, presque trop facilement d'ailleurs, car le psy arrivant souvent dans un second temps dans un rôle de conseiller du policier après que des éléments matériels (balistiques, empreintes) ou un témoignage aient permis une identification de suspect.

Et même dans la terrible Merah, le psy apparaît comme tout le monde avoir été dépassé par la fulgurance des évènements terroristes...

Le résultat donne plutot l'impression, que plutot que de jouer un rôle décisif dans les enquêtes, le psy a plutot un rôle de conseiller pour manœuvrer un suspect en garde à vue voir d'analyste a posteriori...

Vous avez dit décevant ?

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