Les illusions de la mer (Jean d'Ormesson)
Œuvre de jeunesse de Jean d'Ormesson, « Les illusions de la mer » est le premier roman que je lis de l'Académicien disparu en 2017.
Dans ce livre paru en 1968, le narrateur, un certain Philippe décrit par l'intermédiaire de ses amis Pierre I et II, Anne-Marie et Rose-Marie B, les mœurs d'une société supérieure vivant dans un luxe tapageur.
Tout tourne en effet autour de soirées sur le Cygne noir, le yacht de Rose-Marie B, riche veuve d'un hommes d'affaire péruvien mort dans des circonstances suspectes lors d'une chasse en Afrique.
Placé en retrait, Philippe évoque les histoires des convives, comme l'écrivain-baroudeur Nelson Nilsen sans doute meurtrier du mari de Rose-Marie, son ami excentrique-pique assiette Pierre, la belle actrice Anne-Marie qu'il convoite même si son ami Pierre II, brillant universitaire comme lui semble avoir sa préférence.
Au-delà des artistes et des femmes libérées, se mêle à cette faune, une intelligentsia politico-affairiste comme le ministre Herbault ou l'ambitieux Durant-Bonnefoy qui étendent leur réseau.
Les sentiments de Philippe sont contrastés et évoquent tour à tour fascination pour ces arrivistes à qui rien ne résiste ou répulsion pour consacrer toute cette belle intelligence à des taches dévolues à l'argent et au pouvoir.
Pierre II, son meilleur ami est l'incarnation de cette perdition morale, puisqu'après avoir renoncé à épouser Anne-Marie, il se lance par conformisme et facilité dans ce milieu pour subir une grave dépression aboutissant à un suicide spectaculaire.
Dans son point d'orgue, le roman met en scène la mort stupide de Heller, un philosophe reconverti habilement en psychanalyste par appât du gain, après une chute du bateau.
Nilsen, imposteur-macho, encore une fois mêlé à une mort violente, passe à travers le tamis de la justice.
En conclusion, « Les illusions de la mer » m'ont laissé un sentiment partagé, si le style de Jean d'Ormesson brille par son élégance et son sens de la formule, si l'analyse psychologique des protagonistes ne manque pas de finesse et de profondeur, en revanche l'absence d'intrigue et une certaine complaisance pour le « gratin » de la haute société m'ont profondément rebuté.
Roman détesté par son auteur qui a cherché à en empêcher la réédition, « Les illusions de la mer » semble décrire un monde irréel, suranné et au final assez peu intéressant.
Dommage donc d'avoir mis autant de talent pour un sujet aussi vain.
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