Voir Naples et mourir (Neil Griffiths)


 

 

Le polar avec « Voir Naples et mourir » de Neil Griffiths, journaliste et scénariste anglais.

Sorti en 2004, « Voir Naples et mourir » raconte l’histoire de Jim Wolf, un anglais approchant la quarantaine, un peu perdu dans sa vie, décidant sur un coup de tête, de se rendre à Naples pour y passer quelques jours avant de reprendre son travail de psychothérapeute pour sans domiciles fixes, dépressifs et drogués.

Peu enthousiaste à l’idée de reprendre un travail usant et peu gratifiant, Jim arrive à Naples et pris d’une violente fièvre, se laisse prendre en main par un taxi qui le conduit jusqu’à une maison d’hôte tenue par une femme d’âge mur, la signora Maldini qui le prend sous son aile protectrice.

Dans un état semi conscient, Jim reçoit de l’aide, un lit et de la nourriture qui lui permettent de reprendre peu à peu pied.

Ne parlant pas italien, il se rend à l’aventure dans une ville particulière, réputée mystérieuse et dangereuse.

Son esprit tourne à plein régime, imaginant que chaque individu croisé dans les ruelles salles du vieux Naples et un voyou en puissance, prêt l’agresser.

Il croise par hasard Louisa, une ancienne amante de la Fac, qui lui dit avoir repris des études d’histoire mais surtout être mariée à un italien, Alessandro Mascagni, président de la cour d’assises de Naples, au cœur d’un retentissant procès contre un groupe de la Camorra, la mafia napolitaine, connue pour sa violence, le trafic de drogue et le racket.

La curiosité et l’attirance que ressent Jim pour Louisa sont plus fortes que la peur et il accepte une invitation à diner chez les Mascagni dans une villa située à l’écart de la ville.

Alessandro est un homme plus âgé que Louisa, très charismatique, intelligent et mêlant une sorte de puissance paysanne brute à un raffinement intellectuel le poussant à jouer du Chopin au piano pour se détendre, comparer les systèmes politiques anglais et italiens, et s’intéresser à la psychologie des criminels qui passent entre ses mains au tribunal.

Jim pâlit de la comparaison et sent l’attraction qu’exerce le président, qui l’invite à assister au procès de neufs hommes de la famille Savarese chargé par leur ancien chef le repenti Sonino, en échange d’une impunité pour ses propres crimes.

Les Savarese sont accusés d’avoir posé des bombes dans le centre ville pour régler leurs comptes et avoir ainsi provoqué la mort de nombreux innocents.

Mal à l’aise au tribunal mais excité malgré tout de côtoyer les familles de personnages aussi dangereux, Jim aide Eugenia Savarese, la mère devenue chef mafieuse par intérim du clan à gravir des marches ce qui lui octroie une sympathie inattendue.

Le jeu dangereux avec les Mascagni continue, Jim découvrant les coins cachés de la ville en compagnie de Louisa, devenue une italienne d’adoption, sentant son désir pour son ancienne amante se raviver.

Mais la présence régulière de Jim aux audiences notamment filmées finit par attirer l’attention du clan Savarese et pousse Giovanna, la sœur de Lorenzo le principal accusé, à prendre contact avec lui.

La jeune femme est attirante malgré une allure de garçon manqué savamment étudiée.

Elle pose des questions à Jim et demande à être rassurée sur ses intentions.

En échange, elle lui livre son malaise et sa volonté de révolte face à l’inéluctabilité de son destin de fille et sœur de mafioso.

Jim la suit très imprudemment jusqu’au fief des Savarese, découvrant la brutalité des hommes du clan à son égard et des menaces lourdes de sens si il continue de trainer à proximité de cet environnement dangereux.

Révolté lui aussi, il prend progressivement fait et cause pour Giovanna.

Tout en prenant de plus en plus de risques au fil des rendez vous, Jim profite d’un voyage d’Alessandro à Rome et finit par passer à l’acte avec Louisa, couchant avec elle dans sa villa de Sorrente, après une baignade érotique dans une plage isolée.

Ceci ravive leur passion commune, fait éclater le malaise de Louisa mal mariée à un homme plus vieux dans un pays inconnu et celui plus aigu encore de Jim, empêtré dans le doute existentiel de sa crise de la quarantaine.

L’annonce de l’acquittement des Savarese est un coup de théâtre majeur, faisant s’écrouler le témoignage du repenti, planer des doutes sur la corruption de juges mais surtout remettre en liberté des hommes très dangereux, déterminés à sa venger.

De plus en plus pressé par Giovanna, Jim accepte de l’aider à quitter la ville pour lui offrir une nouvelle vie.

Il obtient l’aide de Louisa, qui bien que très jalouse, consent à lui prêter de l’argent pour le laisser partir et mettre ainsi un terme à leur aventure.

Après un face à face nerveux avec un Alessandro furieux de la trahison de sa femme, Jim reçoit la visite de Lorenzo Savarese le frère libéré de Giovanna qui si il ne le tue pas lui assène un coup à la tête d’une grande violence à l’aide de la crosse de son pistolet.

Choqué et apeuré par l’avertissement, Jim ne recule pourtant pas dans son désir d’aider Giovanna, retrouve Louisa qui lui remet et l’argent et par rejoindre Giovanna dans un Mc Donald de la gare pour fuir.

Mais il est filé sur le chemin par les frères Savarese et il commet l’erreur de penser qu’il peut semer ces deux truands napolitains dans les ruelles de la ville, erreur qu’il paie en étant abattu au moment d’arriver à la gare.

Le livre se termine sur la sensation de flottement qu’éprouve Jim au moment de mourir dans l’ambulance qui le prend en charge.

En conclusion, « Voir Naples et mourir » est un premier roman noir magistralement mené par Griffiths.

On comprend que cet anglais entre deux âges à la dérive dans sa vie professionnelle et privée, trouve dans le charme mystérieux et la dangerosité de Naples, tout ce qui manque à sa vie actuelle.

Dans le dédale des ruelles connues dans le monde entier pour ses vespas, ses murs lézardés ou pend le linge, Jim prend plaisir à se perdre pour retrouver le charme de l’imprévu, de l’instinct et de l’action.

La rencontre avec Louisa est l’occasion de fréquenter un homme côtoyant de près les fameux gangsters napolitains, ce qui rajoute de l’excitation à cette aventure.

Fasciné par la Camorra, le fantôme d’une ancienne relation avec une femme devenue mariée à présent, Jim augmente progressivement les risques, préférant sans doute inconsciemment mourir à Naples en ayant vécu quelque chose de vraiment palpitant plutôt que e retourner vivoter dans sa crasse minable à Londres.

Son souhait est finalement exaucé dans un final digne d’un grand film de gangster.

Plus qu‘un polar excitant et superbement ficelé, « Voir Naples et mourir » est une belle plongée dans un Naples intime, dévoilant peu à peu ses mystères sous une apparence dure et chaotique.

A consommer sans modération donc !

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