Le coup de lune (Georges Simenon)

 



Poursuite de la découverte de l’œuvre de Simenon avec « Le coup de de lune » roman sorti en 1933.

Ici, l’auteur belge décrit Joseph Timor, un français de Royan venu prendre ses fonctions d’administrateur d’une société, la Sacova, au Gabon.

Arrivé à Libreville, Timor est saisi par la chaleur et échoue dans un bar tenu par une femme Adèle et son mari mourant un grand noir appelé Eugène.

Timor passe beaucoup de temps dans cet établissement en attendant de partir pour la brousse.

Il a donc tout le loisir de fréquenter la faune locale, composée de colons blancs exploitant sans complexe la population noire, tout comme le monde une sinistre expédition nocturne à la recherche de jeunes femmes s’offrant docilement.

Timor boit aussi beaucoup trop et tient mal les whiskies ou Pernod qu’on lui sert.

Un soir, Thomas le jeune boy du bar est assassiné par balle et peu après, Eugène meurt.

Les conversations attrapées au vol font porter les soupçons sur Adèle mais personne n’a de preuves  à ce stade.

Dans un climat tendu et moite, Timor cède à la beauté d’Adèle et devient son amant.

Rouée, Adèle parvient à le convaincre de renoncer à prendre son poste à la Sacova, une société au bord de la faillite et à activer ses relations familiales pour devenir l’acquéreur d’un terrain dans la brousse destiné à devenir une rentable exploitation agricole.

Timor obtient le titre de propriété et finit par partir avec Adèle.

Le voyage en barque à moteur à travers le fleuve et la jungle est éprouvant pour les nerfs de Timor, qui atteint de dengue se met à délirer et à vouloir agresser tout le monde.

Lorsqu’il se réveille, il est alité à terre et incapable de faire quoi que ce soit.

En son absence, Adèle a pris les choses en mains avec un associé Grec et fait tourner une exploitation de 200 Noirs.

Malade, Timor se montre incapable de s’adapter à cette vie dans la brousse, se montre jaloux des amants d’Adèle qu’elle avait avec la bénédiction de son mari lorsqu’il servait les intérêts du couple.

Au détour d’une confidence, il parvient à arracher des aveux à sa maitresse concernant la mort de Thomas, devenu un maitre chanteur.

Timor repart vers Libreville pour retrouver Adèle, non sans avoir eu une aventure avec une jeune Noire qui l’avait troublé.

En pirogue à rame, le trajet de retour est un cauchemar, Timor se montrant des plus mal à l’aise avec ses pagayeurs noirs et les populations qu’il croise.

A Libreville, Timor assiste au procès du meurtrier innocent de Thomas et explose en pleine audience.

Après une violente mêlée ou il reçoit des coups, il est expulsé sur un cargo de retour pour l’Europe.

En conclusion, « Le coup de lune » est un roman fort, surprenant et exotique présentant une vision hideuse du colonialisme se traduisant par le malaise permanent du protagoniste de l’histoire, incapable de s’adapter au climat et aux mœurs des Blancs exploitant en toute décontraction des populations noires asservies.

Ce malaise moite est palpable pendant toute la durée du roman qui se termine par le basculement inévitable dans la folie lorsque le héros tente de s’interposer dans un système trop puissant et bien organisé pour lui.

Un Simenon puissant et courageux qui évoque par instant le « Au cœur des ténèbres » de Joseph Conrad par son climat tropical vénéneux…

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