Charlemagne (Arthur Kleinclausz)
Après « Clovis » autre grand personnage de l’histoire de France en la personne de « Charlemagne » d’après un ouvrage faisant figure de référence écrit par le spécialiste Arthur Kleinclausz.
Je dois avouer que au commencement de la lecture de ce volumineux ouvrage, mes connaissances sur l’empereur des Francs étaient des plus minimalistes.
On comprend avec le début du livre longuement consacré à discuter de la fiabilité des sources historiques, que Kleinclausz est un historien rigoureux et méticuleux.
Né de glorieuse ascendance carolingienne à la fin du VIII ième siècle après JC, Charlemagne est le fils de Pépin le Bref et petit fils de Charles Martel, deux grands rois guerriers qui ont conclu des victoires décisives sur les troupes musulmanes ennemies.
Cet homme robuste dont la taille est estimée entre 1,92m et 2m04, hérite d’un royaume Franc formant un arc nord-sud en passant par l’ouest du territoire en allant d’une partie de l’Allemagne moderne bordé par Cologne jusqu’à l’Aquitaine en passant la Bretagne, l’autre moitié étant dévolue à son frère Carloman.
Rapidement, Charlemagne va s’imposer par ses succès militaires assez stupéfiants comme un insatiable conquérant.
A la mort de Carloman, il annexe le royaume de son frère puis se tourne vers ceux qui seront ses plus célèbres ennemis, les Saxons.
Fervent catholique, Charlemagne va se faire un devoir de convertir les Saxons païens au christianisme et multiplier les expéditions militaires jusqu’à s’assurer de la soumission totale de cette région en 783.
Mais malgré sa foi, le souverain franc se caractérise comme un roi puissant qui entend s’imposer au Pape Hadrien.
Il profite de la menace que fait peser le roi des Lombards Didier sur Rome pour intervenir, défaire ses ennemis, conquérir cette région et gagner les bonne grâces du Pape avec qui une lutte à distance complexe s’instaure.
Charlemagne fonde la capitale de son royaume à Aix-la-Chapelle, ville thermale de Rhénanie ayant la particularité de se trouver prêt de grandes forets capable de rassasier son gout pour la chasse.
Malgré quelques revers militaires contre les Arabes et les Basques en Espagne ou les zones montagneuse des Pyrénées causèrent la célèbre défaite de Roland à Roncevaux, Charlemagne consolide son royaume en Saxe ou il mate les tentatives de rébellion instaurées par Witkind.
Il l’étend même en 788 en conquérant le Bavière de Tassilon et le royaume des Avares en Hongrie, pourtant dernier descendants des redoutables guerriers Huns.
Le victoire militaire doublée de l’évangélisation des nomades provoquera l’extinction définitive du peuple Avare.
Avec la mort de Hadrien vient une nouvelle relation avec son successeur Léon III.
Plus faible que Hadrien, Léon III cède sous tous les points à Charlemagne qui devient le véritable chef spirituel de l’empire chrétien d’occident et imposera ses points de vue dans les querelles théologiques avec les dissidents « adoptianistes » Espagnols ou l’iconoclasme Byzantins adorateurs des images divines.
Mais Charlemagne n’est pas qu’un chef militaire et religieux.
Une fois son royaume solidement implanté en Europe, il va consacrer son énergie à réformer l’administration de l’empire Franc.
Il divise les régions en domaines royaux appelés villas, gérées par un représentant laïc et un religieux.
Il gouverne en despote éclairé et centralise autour de sa personne toutes les décisions importantes mais peut exceptionnellement déléguer son pouvoir à ses missi dominici, envoyés dans les régions pour faire respecter l’autorité du roi.
Les principales réformes concernent la mise en place d’un serment de fidélité que lui doit chaque citoyen, des nouvelles relations de vassalités, l’harmonisation des unités de mesures, de la monnaie autour du denier d’argent et le prélèvement de la dime pour l’Eglise qui gagnera considérablement en puissance et en richesse sous son règne.
Autodidacte, Charlemagne n’aura de cesse de combler ses lacunes scientifiques, théologiques et culturelles en s’entourant d’intellectuels comme son favori le britannique Alcuin à qui l’on doit une importante source écrite de sa vie.
Il promut l’enseignement afin de former des prêtres érudits capable de retranscrire fidèlement les Evangiles.
Après s’être fait nommé empereur en 800 ap JC, et que son fils l’impétueux Louis eut essuyé de nouveaux revers face aux Arabes en Espagne, Charlemagne se dote d’une flotte de combat pour contenir les raids des Normands sur son royaume et se tourne vers son principal ennemi, l’empire Byzantin gouverné par l’impératrice Irène.
La lutte d’influence aura lieu lors des batailles navales de Méditerranée, ou les Vénitiens et Dalmates tournèrent d’un camps à l’autre avant un accord en 813 à leur dépens entre les deux supers puissance d’Orient et d’Occident.
Vieilli et fatigué, le souverain aura le temps de passer le pouvoir à son fils Louis avant d’être enterré à Aix la Chapelle avec les honneurs dus à son rang.
En conclusion, « Charlemagne » est un ouvrage ultra dense et exhaustif pour tout savoir de la vie d’un souverain comme très peu en connut la France.
Le parcours de cet homme d’exception laisse en effet pantois avec cette redoutable science lui permettant de manier la puissance des armes et l’art de la diplomatie.
Homme de pouvoir, Charlemagne pouvait être dur lorsque les circonstances l’exigeaient mais savait également faire preuve de mesure.
Bâtisseur, fédérateur de l‘Europe de l‘Ouest, il utilisa comme Clovis sa foi pour unifier son peuple tout en se portant aux avant postes de la conquête chrétienne en faisant barrage aux Musulmans et convertissant sans relâche les peuples vaincus.
Même si la légende des siècles à considérablement changé la réalité des faits pour créer faire de Charlemagne un saint ou un personnage fabuleux, il existe en toute rigueur peu d’équivalent donc à un souverain de cette envergure dans l’Histoire de France, surclassant même Napoléon et Louis XIV.
Quelques critiques cependant sur la forme adoptée par Kleinclausz dense, touffue avec quelques lourdeurs, qui rendent l’ingestion de ce livre passionnant parfois difficile.
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