Jack London (Jennifer Lesieur)

 



Pris au gré de mes envies, une biographie de Jack London : « Jack London » écrite par Jennifer Lesieur.

 

London correspond pour moi à mes premières lectures d’enfance, « l’Appel de la foret » et « Croc Blanc » étant des classiques qu’on donne à lire aux enfants.

 

Mon grand père aimait beaucoup Jack London et il avait un livre de photos illustrées le représentant cherchant de l’or dans le Grand Nord.

 

Dans notre maison à la montagne prêt d’une grande foret, ces lectures trouvaient immédiatement un écho chez moi et me faisaient rêver.

 

Plus proche de nous, l’écho surprenant qu’a trouvé le film « Call of the wild » de Sean Penn va à mon avis sûrement remettre à la mode les ouvrages de Jack London.

 

Pourtant qui sait vraiment au fond qui était cet homme qu’on présente comme le chantre de la vie au grand air ?

 

Le livre répond de manière plutôt exhaustive à la question, à savoir que London était un être complexe multi facettes certes amoureux de la Nature (mer, montagne) mais également militant socialiste et amateur de boxe.

 

Jack London est né à la fin du XIXiéme siècle, d’une famille très modeste prêt de San Francisco.

 

Il n’a jamais connu son père, un homme instable et rétif à toute forme d’autorité.

 

La première partie de sa vie colle bien avec l’image que l’on se fait de lui.

 

Il commence d’abord par être ouvrier mais s’aperçoit que cette vie n’est pas faite pour lui.

 

Il faut dire que les droits des ouvriers sont quasiment inexistants à l’époque, ils sont considérés comme des bêtes de sommes et travaillent jusqu’à en tomber malade.

 

Fasciné par la littérature, Jack London rêve de s’élever de changer de vie.

 

Il se sent d’abord attiré par la mer et se fait voleur d’huître, métier clandestin à hauts risques ou il cotoie la mort.

 

Logiquement son intérêt pour le grand large prenant de l’ampleur, il embarque ensuite  sur un bateau chassant le phoque au Japon et en Sibérie.

 

Ce qu’il vécut en mer durant ces expériences maritimes le marquera à jamais.

 

De retour dans sa ville d'Oakland, il apprend que de l’or a été découvert au Yukon région située en Alaska.

Il décide donc de tenter sa chance et se rend la bas.

 

Le voyage sur le fleuve Yukon est épique et jalonné de morts.

 

La bas il découvre la rudesse de la vie au Grand Nord avec les hivers interminables, l’acheminement difficile des vivres dans une région gelée et la dangerosité des hommes attirés par le gain.

 

Son expérience de chercheur d’or n’est pas couronnée de succès.

L’hiver est tellement rude qu’il tombe malade et attrape le scorbut.

 

Rapatrié à Oakland, il a de la même manière que pour ces expériences maritimes engrangé un vécu précieux qu’il va  par la suite faire fructifier avec sa plume et son imagination.

 

C’est alors qu’il se décide de se lancer dans l’écriture.

 

Ces premiers récits sont médiocres, il essaie de copier les auteurs à succès de l’époque et son style n’est pas encore affirmé mais il travaille sans relâche ne dormant que 5h par jour.

 

London se nourrit d’influences diverses, il a comme maîtres Kipling, Melville et Stevenson pour les romans d’aventures, Edgar Poe pour son goût de l’étrange mais également des philosophes comme Marx, Nietzsche, Kant ou Hobbes.

 

London connaît ses premiers succès en relatant ses aventures du Grand Nord, plusieurs magazines de la cote Est  les publient mais son premier best seller est véritablement « l’Appel sauvage ».

 

A l’origine ce roman est âpre, violent, traduisant la lutte pour la survie dans un monde hostile.

 

Il faut savoir que les versions françaises pour enfants furent censurées pendant des années.

 

Avec « Croc Blanc » il devient un auteur internationalement connu.

 

Il se diversifie remarquablement avec des ouvrages sur le monde de la mer comme le «  Loup des mers »  ou sur le monde de la boxe qu’il pratique et qui le fascine  ( «  La brute » ).

 

Ce que je savais  moins c’est que London était un socialiste convaincu.

 

Il était membre du parti socialiste, croyait en la révolution, donnait des conférences ou il enjoignait les étudiants à se rebeller.

 

Il se rend même à Londres pour vivres avec les nécessiteux, il en sort un pamphlet explosif traduisant la vie des pauvres.

 

Mais ce que je savais encore moins et que le livre m’a appris c’est que Jack London était raciste.

Il était convaincu de la supériorité de la race blanche, et surtout de la plus pure à ses yeux :
l’Anglo-Saxonne.

 

Ceci transparaît dans certains de ses écrits, notamment une haine farouche du métissage.

 

Ceci peut paraître étonnant, que lui qui donnait la part belle aux Indiens dans ses récits, qui soutenait la cause des femmes, parlait de la fraternité des peuples opprimés soit raciste et pourtant nul doute la dessus.

 

Jack London suit en fait l’opinion la plus répandue à son époque, qui est de croire l’Homme Blanc supérieur.

 

A prêt de 30 ans devenu riche par ses succès littéraires, London accède à un certain statut social, achète un ranch en Californie et part faire un tour du monde avec sa femme sur un bateau.

 

Marchant sur les traces de Stevenson, il découvre la Polynésie et la Mélanésie.

Hawaï, Iles Salomon, Marquises ,Samoa …

 

Dans son bateau il écrit sans relâche, se nourrissant de ses expériences avec les peuples rencontrés.

Mais il finit par tomber malade sous les tropiques et très affaibli est rapatrié en Australie ou il est opéré.

 

Son tour du monde s’arrête donc brutalement.

A 30 passés London est très malade, il boit et fume beaucoup trop se soigne en s’administrant morphine et arsenic.

 

Il finit ses jours en Californie et meurt à 40 ans en plein milieu de la guerre de 14-18.

 

Curieusement ses œuvres furent dénigrées aux États-Unis, et ce sont les Européens (Français surtout ) qui les remirent au goût du jour.

 

Cet ouvrage permet de prendre conscience de la richesse de l’œuvre de Jack London qui dépasse de très loin le roman d’aventure et écrivit même un roman de science fiction politique à la Orwell « le Talon de Fer »  livre qui fut salué par Trostky lui même (!) ainsi qu’un de ses chef d’œuvre « Martin Eden » , réflexion sur le métier d’écrivain.

 

Cette bio met aussi en  lumière les contrastes jalonnant la vie d’un homme.

 

Jack London prit apparemment le parti de vivre fort et intensément, de brûler la vie par les deux bouts.

 

Cela se traduisit par ses engagements politiques, sa curiosité  son goût de l’aventure.

 

La partie plus trouble de sa personnalité notamment son racisme, montre que l’être humain est souvent multiples avec plusieurs facettes quelques fois contradictoires.

 

Il me paraît également difficile de juger moralement un homme de la fin du XIXiéme siècle avec les yeux d’un homme du XXIiéme siècle.

 

Un biographie très complète qui donne envie à la fois de relire les classiques mais également de découvrir les autres œuvres moins connues mais tout aussi intéressantes d’un des écrivains les plus lus dans le monde, et ce avec raison.

 


Commentaires