Néron, le règne de l'Antéchrist (Max Gallo)
Les vacances arrivant je me suis retrouvé saisi de toutes les audaces comme par exemple celle de me plonger dans l'Histoire.
J'ai donc pris mon premier livre de Max Gallo.
Max Gallo on connaît tous au moins de nom mais j'ai découvert à cette occasion qu'il avait écrit un nombre de livres à donner le vertige à un alpiniste népalais.
Le sujet qui m'intéresse : les Romains : 5 tomes racontant d'histoires romancées racontant les grandes étapes de l'Empire depuis Spartacus jusqu'à Constantin le Grand.
Tome 2 pris : Néron, le règne de l'Antéchrist.
A ma grande surprise ce livre est écrit de manière simple, directe et limpide.
Comme les faits sont généralement prenant, il se dévore donc comme un chrétien par un fauve affamé.
L'histoire prend place à la fin du règne de Caligula vers -40 av JC.
Elle est racontée par Sérenus un disciple de Sénèque qui emploie une narration à la première personne du singulier.
Après le règne sanglant de Caligula les Romains pensaient trouver une période d'accalmie mais ce fut le contraire qui se produisit.
Néron est née d'Agrippine, sœur de Caligula, femme extrêmement dominatrice, impitoyable et avide de pouvoir.
Le père est officiellement un général romain mais Agrippine ayant eu des relations sexuelles avec son frère, il est également possible que Néron soit le fils de Caligula.
Dés son plus jeune age, Néron est dressé pour régner et réaliser ainsi les fantasmes de sa Mère qui rêve ainsi de régner sur l'Empire romain.
Claude succédant à Caligula en -41 av JC est un empereur faible, bègue, corrompu et dépravé.
Il est manipulé par Agrippine qui l'épouse et le force à adopter Néron.
Agrippine nomme Sénèque parmi les préteurs de son fils.
Il est chargé de lui apprendre l'art de la rhétorique mais non la philosophie dont elle se méfie comme de la peste.
Sénèque le philosophe stoïcien est également un richissime avocat proche de la cour, influent, puissant et disposant de superbes propriétés.
On suit donc pendant prêt de 500 pages l'inexorable ascension de Néron dans les méandres des luttes pour le pouvoir entre complots, délires paranoïaques et trahisons.
Néron règne à 20 ans à peine, il est très influencé par la personnalité de sa mère avec laquelle il entretient des relations incestueuses.
Avec lui le pouvoir impérial parvient à des excès encore jamais atteints.
Paranoïaque, mégalomane, cruel, dépravé mais également fin stratège et acteur, Néron organise le culte de sa propre personnalité.
Il se proclame fils d'Apollon, aime roder déguisé la nuit pour assouvir ses pires penchants en tuant ou violant des passants pris au hasard, est persuadé d'être un grand artiste, le meilleur conducteur de char, le meilleur poète et le meilleur musicien.
Il flatte les plus lâches ou les plus corrompus, dépouille les nobles de leurs biens, pille les ressources de l'Etat pour son compte personnel.
Il fait régner aussi un mélange de terreur et de séduction sur la plèbe, alternant massacres et jeux du cirque cruels pour distraire la foule.
Néron est connu pour avoir incendié Rome et avoir joué de la lyre en regardant la ville brûler.
A sa place il voulait fonder Néropolis ...
Il accusera les Chrétiens à sa place et les fera supplicier avant d'embraser leurs corps crucifiés afin d'éclairer ses jardins privés.
Néron n'hésitera pas à faire assassiner sa propre mère ainsi que ses propres épouses.
L'intérêt du livre outre l'aspect historique réside pour moi dans le rôle que joue Sénèque.
Comment en effet le philosophe peut il cautionner l'un des pires régimes de l'Histoire ?
Son rôle apparaît quelques fois ambigu voir complaisant puis on comprend ...
En réalité Sénèque essaiera de toutes ses forces par l'éducation qu'il donnera à Néron de lui inculquer l'équilibre et la clémence.
Mais il s'apercevra peu à peu de son échec et que nul ne peut contrarier un empereur fou.
Néron lui ordonnera de se suicider ce qu'il fit comme un stoïcien c'est à dire sereinement en s'ouvrant les veines dans un bain chaud.
Ce qui me marquera dans cette terrible épopée historico-nihiliste sera donc encore une fois les puissantes citations du philosophes émaillant l'ouvrage comme celles ci :
"Médite chaque jour au moyen de quitter cette vie à laquelle beaucoup d'hommes s'accrochent et se retiennent comme ceux emportés par les flots d'un torrent s'agrippant aux ronces et aux rochers.
La plupart des hommes sont lamentablement ballottés entre la crainte de la mort et les tourments de la vie, se refusant à vivre et ne sachant pas mourir.
Aucun bien ne satisfait celui qui le possède si de lui meme il n'est pas prêt à le perdre."
Ou encore le dernière lettre écrite à Sérénus :
"Tout ce que nous laissons derrière nous de notre existence appartient à la mort hormis notre pensée
Et ce que nous avons pu écrire sur nos tablettes ou nos papyrus renaît sitôt qu'un lecteur le lit.
Songe-y Sérenus, la connaissance est toujours naissance
Je te donne le baiser de l'amitié " .
Je ne sais donc pas si comme l'a écrit le très excessif Claude Allègre, Max Gallo est l'Alexandre Dumas de notre temps mais en tout cas je lui trouve un formidable talent de vulgarisateur !
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