Spartacus, la révolte des esclaves (Max Gallo)
Ayant bien apprécié le premier livre de Max Gallo que j'ai lu je poursuis sa série sur les Romains.
Chronologiquement "Spartacus, la révolte des esclaves" est le premier de la série.
L'action raconte en -73 av JC la troisième (et plus connue ) des guerres serviles avec la révolte des esclaves contre Rome.
Max Gallo adopte son mode le même mode de narration que pour son "Néron" c'est à dire une narration par un témoin oculaire des événements sur le mode du "je".
La différence majeure est qu'ici ce "je" est successivement plusieurs personnes différentes : Jair un juif guérisseur, Possidionos un rhéteur grec affranchi mais également Curitus un maître d'arme des gladiateurs et Fucscus Salinator un légat romain.
Ceci pourrait donc en théorie permettre de recueillir plusieurs points de vue différents mais en réalité mis à part pour Jair qui marque clairement sa différence , les récits ne différent que faiblement d'un narrateur à l'autre.
La multitude des narrations n'est donc pas selon moi pleinement exploitée.
Dans le roman on apprend que Spartacus était un roi de Thrace, région partagée entre la Grèce, la Turquie et la Bulgarie d'aujourd'hui, connue pour ses forets et sa rudesse.
Capturé par les Romains, il est en raison de sa forte constitution envoyé à Capoue pour devenir gladiateur.
L'accompagnent Apollonia, prêtresse Thrace qui est également sa concubine et Jair le guérisseur rencontré en chemin.
Au camp de laniste de Capoue, Spartacus découvre la vie de gladiateur et a bien du mal à se plier à cette discipline.
Les gladiateurs sont mieux traités que des esclaves, formés aux armes, il leur est théoriquement possible d'être affranchis si ils se couvrent de gloire dans l'aréne.
Ils fascinent aussi les femmes et il n'est pas rare que de riches Romaines leur rendent visite, excitées par leur imposante musculature et l'imminence de leur mort.
Mais en réalité leurs chances de survie sont infimes et ils finissent souvent dévorés par les fauves.
Lors d'un combat, Spartacus est épargné par un colosse Dace qui préfère s'empaler sur les lances des soldats plutôt que de l'achever.
Cette épisode le traumatise et le décide à répandre un sentiment de révolte auprès de ses frères d'armes.
Ceux ci s'échappent donc une nuit et avec eux naîtra une des plus célèbre révolte contre Rome.
Rapidement beaucoup d'hommes se joignent à eux, d'autres esclaves des champs, des gens de la plèbe très pauvre, d'anciens gladiateur comme Curitus, des Gaulois, des Germains, des Celtes, des Phrygiens ...
A cette époque Rome a besoin de beaucoup d'esclaves, ils travaillent très dur dans les champs ou les mines, sont considérés comme des animaux.
Spartacus, intelligent, fin stratège trouve donc une puissante caisse de résonance.
Pareils à des sauterelles, l'armée d'esclaves ravage les province romaines, pillant les précieux champs de blé et humiliant les premiers magistrats, trop sur d’eux, venus mater la rébellion.
A cette occasion Spartacus révèle toute son habilité, il évite les affrontement directs avec les légions mieux entraînées et mieux armées et les prend par surprise en simulant des retraites ou en profitant des conditions naturelles comme sur le Mont Vésuve ou acculé par les légionnaires , il fait descendre des cordes la nuit venu et massacre le soldats pendant leur sommeil.
A son apogée, son armée atteindra les 100 000 hommes.
Rome prend conscience de la menace et de la sous estimation de celle ci.
Licinius Crassus, proconsul dévoré d'ambition, reçoit les plein pouvoirs et lève 10 légions pour écraser Spartacus.
Il est appuyé par un tribun militaire, un certain Jules César.
Accusant ses légionnaire de couardise, il instaure la loi de la décimation pour ceux qui reculent ( exécution d'un homme sur 10 pris au hasard ) et nomme le légat Fucscus Salinator responsable des opérations.
Salinator, qui sera capturé deux fois par Spartacus, sera relâché en échange d'épargner ses plus fidèles compagnons (Possidionos, Jair, Curitus et Apollonia ).
Gallo nous présente Salinator comme celui qui racontera l'histoire de cette guerre.
Conscient qu'il ne pourra tenir tête éternellement, Spartacus ne commet pas l'erreur de marcher sur Rome et tente de fuir par la mer jusqu'en Sicile , lieu de la première guerre servile.
Utopiste, il compte fonder un régime sans esclave sur cette île.
Mais Spartacus est berné par les pirates qui devaient le faire prendre la mer.
Acculé à Bruttium, il doit faire face à des dissensions auprès de ses propres compagnons qui ne veulent pas entendre parler de discipline.
Le groupe se scinde en plusieurs et ils sont alors tous massacrés.
En guise de représailles et pour marquer les esprits rebelles (célèbre film avec Michelle Pfeiffer et l'inénarrable Coolio ) , Crassus fait crucifier les derniers survivant sur la voie Appia entre Rome et Capoue.
Ce sont donc 6000 croix macabres qui viennent clore le chapitre de la rébellion.
Spartacus reste donc un symbole, celui qui pendant 2 ans aura défié Rome et mis à mal ses légions, montrant donc que son invincibilité n'était qu'un mythe.
Certains esprits hardis y voient même le symbole de la première révolte populaire, une sorte de Lénine avant l'heure.
Il me parait difficile de comparer les époques et peu probable que Spartacus ait été un théoricien ou même un humaniste.
Cependant sa position intenable et son combat perdu d'avance avec son armée de gueux contre la plus puissante armée de l'époque confère un certain romantisme à son destin tel un David défiant Goliath.
Alors à quand le remplacement des tee shirt Che Guevara de l'extrême gauche par des tee shirt Spartacus ?
D'un point de vue historique, la fin de la révolte de Spartacus marque l'accession au pouvoir de Crassus et Pompée avec Jules César tapi dans l'ombre attendant son heure ...glorieuse.
Ultime question que je me pose, Spartacus a t il servi d'inspiration au film Gladiator de Ridley Scott ?
Possibilité non nulle selon moi.
En tout cas bien qu’ayant moins apprécié ces récits que les intrigues de cour de Néron ou Caligula, force est de constater que le destin inhabituel de cet homme est une nouvelle fois admirablement bien raconté par Max Gallo qui vous emporte complètement dans le monde incertain des guerre antiques.
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