Hell's angels (Hunter S Thomson)

 



 Changement complet de registre avec « Hell’s angels » de l’écrivain américain Hunter S Thompson, connu pour être l’inventeur du style « gonzo » forme de reportage journalistique vécu par l’auteur et raconté sur un ton cynique et décalé.

Paru en 1966, « Hell’s angels » est un copieux ouvrage décrivant de l’intérieur le fonctionnement du gang de motard le plus célèbre du monde, qui émergea après guerre du coté de Oakland (Californie) pour essaimer ensuite dans le monde entier avec certains lieux de prédilection comme l’Europe du Nord.

Séduit à l’époque par tout mode de vie marginal, Thomson approche progressivement les Angels et parvient à les accompagner dans plusieurs de leurs virées en s’achetant lui-même une moto.

Cette intégration au plus près de la bande permet au journaliste de décrire finement le mode de vie sauvage de ce groupe.

Il en ressort que les Hell’s angels ont choisi de vivre de manière marginale en se regroupant autour d’une passion commune pour les moto Harley Davidson et que même si certains travaillent, bien peu possèdent des emploi fixes à revenus réguliers.

Sous qualifiés, précaires économiquement, les Angels se font parfois entretenir par leur « régulière » terme abominable pour signifier leurs compagnes elles en théorie plus insérées dans la société, mais franchissement la plupart du temps le cadre de la légalité en opérant petits vols et trafics.

En plus du monstre mécanique, customisé et bichonné comme leur bien le plus précieux, l’apparence est primordiale pour les Angels qui portent un uniforme composé d’un blouson portant l’emblème d’une tête de mort ailée.

Cheveux longs, tatouages, hygiène inexistante et crasse revendiquée, les Angels passent la plupart de leurs temps dans des bars ou ils consomment de forte quantité de bière, « aliment » qui semble être la base de leur alimentation.

Dans leurs fiefs, ils se comportent alors en gros bras et les affrontements entre bandes rivales (Gypsy jokers, Satan’s slaves ou même les plus exotiques motard black Dragons) rythment leurs journées.

Le grand événement de la vie d’un Angel, reste ces fameuses virées ou toute la bande se déplace pour se regrouper en un lieu unique ou elle se comporte comme une armée de Huns modernes, avec orgies pantagruéliques à la clé.

Bien entendu, un pays aussi organisé que les Etats-Unis ne pouvait tolérer ce type de marginaux bien longtemps et les politiciens ont tout mis en œuvre pour persécuter les Angels, ce qui fait que chaque virée de grande envergure donna lieu à des déploiement de police impressionnants.

Malgré sa sympathie évidente pour les Angels, Thomson essaie de conserver une certaine impartialité en relatant que les motards bénéficiaient dans les années 60 d’une image de voyous et étaient pratiquement tous criblés d’amendes par les policiers.
Soumis à la pression policière, à des arrestations expéditives et à des amendes à répétitions, les Angels se sont vite endettés et ont été contraint de se replier sur leur fief de Oakland, commandé par leur chef incontesté Sonny Barger.

En parallèle de la répression policière, les journaux grand public comme le New York Times se sont emparés du phénomène pour relayer une image de voyous dangereux représentant une menace pour la société.

Ces articles orientés ont abouti à une diabolisation du Angel, rejeté par la majorité de la population et exerçant une fascination sur une autre partie minoritaire composée de jeunes, étudiants de gauches et femmes en mal de sensations fortes.

Les Angels ont profité de cette popularité inattendue, sans toutefois la comprendre et en tirer tous les bénéfices financiers possibles.

D’un point de vue plus pragmatique, outre les innombrables bagarre parfois mortelles, les Angels gravitent dans un milieu ou la drogue et le sexe sont omniprésents.

Lors de fameuses fiesta sur fond de musique rock, les motards ne font pas que boire et consomment des quantité astronomique de marijuana et de LSD, qui occasionnent bien des débordements.

Dans ce milieu de gros bras pas bien fins, les femmes ont un rôle purement accessoire.

Outre les « régulières » qui bénéficient d’un traitement privilégiés, les Angels utilisent l’attraction qu’ils exercent sur certaines femmes pour les happer dans le groupe et les considérer comme le bien de la collectivité.

Une fois intégrées au gang, les femmes subissent donc les assauts des mâles … ce qui aboutit logiquement à plusieurs affaires de viols sordides.

Pour couronner le tout, les quelques rares victimes osant porter plainte sont menacés de représailles ce qui en dit long sur les pratiques du gang.

Au cours de cet ouvrage fleuve, Thomson se répète quelque fois, répétant les mêmes histoires de virées, de tensions avec les policiers, de curiosité de journalistes et d’accointance contre nature avec les milieux intellectuels de Los Angeles dont il fait bien entendu partie aux coté de Allen Ginsberg et Ken Kesey

Il termine par une histoire de décès et l’enterrement d’un chef respecté du gang, percuté par un camion.

En conclusion, « Hell’s angels » est un livre riche, intéressant qui pèche pour moi par une longueur excessive, un manque de structure et un style trop abondant qui occasionnent des répétions parfois lassantes.

Il apparait néanmoins que les Hell’s angels ont tout d’une bande organisée, même si l’auteur semble minimiser les activités de trafic de drogues ou d’armes.

Violents, stupides à tel point que leur idéologie pseudo patriotique est comparée à une certaine forme de fascisme, les Angels représentent une déviation de l’idéal américain ou les laissés pour compte de la société se rassembleraient en organisation indépendantes, créant leurs propres lois tout en revendiquant sous couvert de liberté sans limite, une autonomie complète.

Loin de l’idéal du rebelle romantique et incompris du personnage incarné par Marlon Brando dans « L’équipée sauvage » un livre qui décrit donc un monde effrayant et écœurant similaire à celui des bandes latino-black actuelles de Los Angeles, même si celles-ci sont à mon avis 50 ans après encore plus radicalisées.

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